90 partenaires PIGMA réunis en webinaire autour des communs en géodatas

Animation, Café-atelier, Données

04/04/2024

20230404 LES COMMUNS EN GEODATAS

Le dernier webinaire de la communauté PIGMA qui échange de la donnée en Nouvelle-Aquitaine avait lieu le jeudi 4 avril sous la forme d’un café-atelier. L’objectif de ce rendez-vous : partager la méthodologie des communs en géodatas. 90 participants étaient présents en ligne. Compte-rendu.

En ouverture de webinaire, Héloïse Deschamps, GIP ATGeRi/PIGMA, après avoir accueilli les participants, a rappelé les bonnes pratiques pour le bon déroulement de la matinée.

En introduction, Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA, a remercié l’ensemble des intervenants qui créent la valeur ajoutée des webinaires PIGMA en partageant leurs expériences : Nicolas Berthelot, la Fabrique des géocommuns, IGN; Benjamin Jean, Inno3; Romain Lacourarie, ATD16, Sylvain Lafont, SDIS 40, Benoit Bodennec, DFCI Landes; et Antoine Riche, Carto’Cité.

Elle a également remercié les 110 inscrits au webinaire, dont 90 étaient connectés, toujours aussi nombreux et mieux répartis sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine.

Elle a remercié l’équipe technique, Héloïse Deschamps et Thomas Petillon, GIP ATGeRi/PIGMA, pour leur implication dans la production technique de l’évènement.

Elle a rappelé que PIGMA est un réseau de près de 860 partenaires qui partagent plus de 10000 données, et ce depuis 15 ans sur le territoire régional. PIGMA œuvre pour un partenariat durable autour de la gouvernance, l’accès, l’acquisition, et l’entretien de la donnée.

La plateforme PIGMA est gérée par le Groupement d’Intérêt Public Aménagement du Territoire et Gestion des Risques, expert en gouvernance de la donnée.

L’objectif des cafés-ateliers est l’échange d’expériences pour apprendre les uns des autres d’où l’importance d’avoir le plus d’interactivité possible.

Anne Sagot-Duvauroux a rappelé la thématique du webinaire : les communs en géodatas.

Les communs en géodatas sont des ressources géoréférencées produites collectivement par une communauté d’acteurs hétérogènes et gouvernée par des règles qui assurent leur pérennité et garantissent leur ouverture et leur partage.

Le besoin exponentiel de données géoréférencées favorise les logiques de mutualisation et de co-construction de « communs thématiques » dans différents domaines comme l’environnement, la mobilité…

Comment mettre en place une démarche de co-construction de données géoréférencées ? Quelles sont les données concernées ? Comment s’organisent les aspects de gouvernance, de financement, de propriétés et de mise à disposition de données géoréférencées co-construites ?

Anne Sagot-Duvauroux a proposé après un cadrage du contexte, de répondre à ces questions liées à la co-production de données géoréférencées en s’appuyant sur des exemples concrets.

Elle a ensuite invité Benjamin Jean, Inno3, à présenter le cadrage juridique et financier de la thématique.

Les aspects juridiques et financiers de la co-construction de données

20230404 LES COMMUNS EN GEODATAS BENJAMIN JEAN
De haut en bas : Benjamin Jean, Inno3 et Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA

En introduction Benjamin Jean a rappelé le cadre réglementaire récent des données au niveau européen.

Il a cité :

  • La directive Open Data de 2019 (avec notamment l’introduction des données d’intérêt général et des données à haute valeur);
  • La Loi sur la gouvernance des données (Data Governance Act de 2023);
  • Et Loi sur les données (Data Act de 2024) pour favoriser la réutilisation des données tout en renforçant la confiance des personnes concernées et des détenteurs de données.

Ces deux dernières lois prévoient des services d’intermédiation de données (et plus spécialement les « services de coopératives de données »), qui peuvent servir de base à la constitution d’un commun de données.

Il a signalé également les RGPD, le Règlement sur les données à non personnelle, l’IA Act, le Digital Service Act et le Digital Market Act.

Il a insisté sur le fait que le numérique a changé notre perception de la propriété et des modèles économiques qui lui sont attachés.

En effet, aujourd’hui avec la co-construction, la collaboration, la mutualisation, la question de la propriété cède la place à la notion de valeur afin d’avoir un modèle économique pérenne.

Ainsi la propriété́ n’est plus une fin mais un moyen.

Il est donc nécessaire de repenser les choses car la notion de valeur est plus subjective que celle de propriété. Il convient alors de déterminer quelle valeur importe pour qui, en tenant compte de la valeur globale générée et de celle captée par les partenaires.

Il a ainsi listé trois points de bon sens à retenir :

  • Ouvrir ses données ne veut pas dire les abandonner. Les stratégies nouvelles doivent à l’inverse anticiper en amont les typologies d’usages et modalités associées. Elle doivent aussi clairement identifier l’emprise de chacun sur chaque ressource. Quelles sont les ressources mises au pot commun? Quels sont les producteurs, les mainteneurs associés ? Qui gère l’infrastructure ? Quelles sont les conditions d’accès et les modalités associées ? Il s’agit d’avoir une vision très claire de quel usage est fait des données, de la propriété et de la collaboration.
  • Combiner, articuler et ne pas opposer. La stratégie doit reposer sur une combinaison des différents actifs matériels (infrastructure, humain…) et immatériels (ses droits de propriété intellectuelle : marques, logiciels, brevets…) afin d’en optimiser les effets. Lorsqu’il y a un lâcher prise sur les données il faut pouvoir prendre un peu de hauteur et déterminer quels leviers doivent être mobilisés et comment en tirer un maximum de profit.
  • Ne pas confondre posséder et contrôler. La question de la gouvernance d’une donnée est plus importante que la propriété de la donnée. L’adoption d’un projet par des tiers repose sur la capacité à partager justement la gouvernance de la donnée. Qui décide de quoi, et selon quelles modalités ?

Benjamin Jean a ensuite illustré ses propos en comparant deux schémas :

  • Le premier avec une vision des ressources associées à un projet,
  • Le second où la démarche est davantage collaborative afin de créer des relations avec d’autres acteurs.

Les modalités juridiques de la co-contruction de données combinent différents outils pour associer cadre/autorité et agilité.

Il est nécessaire de s’appuyer sur un socle contractuel et organisationnel fort sécurisé juridiquement.

Ainsi, il faut réglementer l’organisation des relations entre les organisations et les individus par exemple : les accords de partenariat, les rédactions des marchés publics, les clauses qui sont directement liées aux données, les licences ouvertes, les autres licences de propriété intellectuelle, les accords à signer notamment de consentement aux différentes personnes qui voient leurs données collectées et réutilisées voire transformées.

Il est également nécessaire de s’appuyer sur l’interopérabilité. Finalement, il est pertinent de s’appuyer sur ce qui existe déjà en termes de standardisation. En effet, plus les outils utilisés sont standards plus ils vont pouvoir s’interconnecter avec d’autres projets qui ont des intérêts convergents.

Enfin, l’animation est essentielle. Il s’agit de s’assurer que le cadre est bien suivi, sans cela la confiance des acteurs peut d’être perdue.

Benjamin Jean a ensuite rappelé qu’il est important d’associer ces enjeux juridiques et économiques à une vision géopolitique à l’échelle de la France et de l’Europe.

Il s’agit ainsi de repenser ses relations dans une perspective d’écosystème c’est à dire de prendre en compte tous les acteurs réunis autour de nous et de la valeur qui peut être générée globalement en travaillant ensemble. Chacun doit continuer son activité en prenant en compte plusieurs cercles plus ou moins étendus qui permettent d’avoir des relations de confiance plus ou moins fortes avec différents acteurs.

Ces acteurs doivent être davantage considérés comme des partenaires que comme des fournisseurs afin d’établir une relation durable.

Enfin, les éléments économiques et financiers doivent être pensés dans un contexte multipartenarial.

Il s’agit en effet de définir le modèle économique du projet commun.

Ainsi, il faut penser à ce qui doit être cadré collectivement lorsqu’on travaille à plusieurs acteurs autour de la constitution d’une base de données ou de n’importe quel autre type de ressources numériques (neutralité, standardisation).

Il faut également déterminer ce qui peut être mutualisé et s’accorder ensemble sur la gouvernance.

Enfin, il s’agit de prendre en compte les modèles d’affaires des partenaires impliqués dans le projet commun.

Benjamin Jean a ensuite partagé deux modèles de canevas qui permettent d’organiser les différents aspects de la co-construction de données : la gouvernance collective, les enjeux économiques afin d’assurer la durabilité du projet (https://inno3.fr/realisation/canevas-pour-la-gouvernance-de-commun-numerique/ ).

Après avoir remercié Benjamin Jean, Anne Sagot Duvauroux a invité Nicolas Berthelot, la Fabrique de géocommuns de l’IGN, à présenter les communs en géodatas.

(Télécharger la présentation de Benjamin Jean, Inno3)

Les communs en géodatas

20230404 LES COMMUNS EN GEODATAS NICOLAS BERTHELOT
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA; Benjamin Jean, Inno3; NIcolas Berthelot, la Fabrique des géocommuns IGN; Romain Lacourarie, ATD 16

En introduction Nicolas Berthelot, la Fabrique des communs de l’IGN a rappelé les éléments de contexte.

En 2021,  la stratégie de l’IGN a été bouleversée avec l’ouverture systématique de toutes les données produites, la BD Topo®, les photographies aériennes et les nouveaux projets comme le LIDAR, l’OCS. Ce changement de stratégie a fait évoluer la relation avec les usagers.

Avant la position de client était intéressante dans la mesure où elle permettait de rencontrer régulièrement les usagers et leurs remontées d’informations, alors que la position de bénéficiaire gratuit a entrainé une diminution du lien et des remontées d’informations.

Le premier enjeu était de renouer un lien avec les utilisateurs des ressources de l’IGN. Le deuxième enjeu était que l’IGN n’était plus capable de produire tout seul des données cartographiques précises sur le territoire français.

C’est ainsi que l’IGN s’est approprié la notion de communs numériques en y apposant le terme géo en se disant que le but était d’entretenir des géo-communs.

Un commun numérique c’est une ressource, référentiel de données, logiciel, standard de données, produite et entretenue collectivement par une communauté d’acteurs hétérogènes et gouvernée par des règles qui assurent son caractère ouvert et partagé.

Il s’agit d’une logique partenariale : entretenir ensemble une ressource ou chacun à des intérêts différents mais avec l’intérêt commun que la ressource soit la meilleure possible.

Les règles de gouvernance ont pour but de cadrer le rôle de chacun des acteurs nommés (ou pas) et coordonner les collaborations de tous les acteurs.

Cinq types de rôles peuvent être identifiés dans les communs numériques :

  • Des membres de la communauté, des usagers de la ressource qui s’expriment et font remonter des besoins (forums),
  • Les contributeurs qui vont aussi utiliser la ressource mais qui vont avoir pour particularité de l’alimenter en code, en base,
  • Les opérateurs, il s’agit d’une organisation, d’une équipe, potentiellement d’une seule personne, qui a pour responsabilité de garantir la cohérence des contributions, va définir les priorités et va avoir le rôle d’animateur de la communauté, de faire vivre le collectif. C’est le rôle joué par la Fabrique des géocommuns.
  • Les sponsors qui ont pour but de donner de la crédibilité à la ressource, de financer et de lever des fonds. C’est également le rôle joué par la Fabrique des géocommuns.
  • Les garants qui s’assurent que les règles de la communauté soient respectées. C’est souvent l’opérateur qui joue le rôle de garant mais cela peut également être un acteur tiers car c’est parfois intéressant d’avoir une indépendance sur des décisions.

En conclusion, Nicolas Berthelot a rappelé l’intérêt de la démarche de communs numérique avec trois bénéfices:

  • Le développement décentralisé : c’est le fait qu’en coproduisant la ressource va être de meilleure qualité avec une économie d’efforts grâce à la non réplication des efforts.
  • La ressource est résiliente et plus pérenne car les efforts effectués collectivement ne sont pas perdus mais seront capitalisés potentiellement par d’autres et à la fin les efforts seront moins dispersés.
  • Les usages garantis, importants pour l’IGN en tant que service public, c’est le fait de garantir des usagers aux services produits.

Après avoir remercié Nicolas Berthelot, Anne Sagot Duvauroux a invité Romain Lacourarie, ATD16, à présenter la mise en place d’un géocommun opérationnel au niveau du département de la Charente.

(Télécharger la présentation de Nicolas Berthelot, la Fabrique des géocommuns, IGN)

La mise en place d’un géocommun opérationnel au niveau du département de la Charente

20230404 LES COMMUNS EN GEODATAS ROMAIN LACOURARIE
De haut en bas : Romain Lacourarie, ATD 16 et Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA

En introduction, Romain Lacourarie, ATD16, a rappelé qu’en 2016 en Charente il existait une plateforme de mutualisation de partage de données, qui a disparu au profit de PIGMA pour gagner l’échelon régional. Au sein de cette plateforme, un groupe de travail portait sur l’adresse et sur l’accessibilité et la dénomination des voies.

Certaines solutions avaient été expérimentées avec quelques communes volontaires et l’IGN avec la mise en place d’un guichet à l’adresse.

En 2018, la problématique de l’adresse est devenue plus prégnante et l’ensemble des adhérents de l’ATD 16, environ 300 communes, était fortement sollicité pour mettre en place de l’adressage par rapport au déploiement de la fibre avec l’arrivée de l’interlocuteur départemental Charente Numérique.

Ces communes ont sollicité l’ATD 16 pour un accompagnement sur la dénomination des voies, la numérotation des habitations.

Deux axes ont été travaillés :

  • l’adressage politique et
  • l’adressage numérique.

Dans un premier temps, il fallait inventorier sur les communes : les habitations, les voies à nommer ou ne pas nommer. L’ATD 16 les a accompagnées en donnant des bonnes pratiques. Puis les communes ont dû réfléchir à une numérotation et délibérer. Ensuite, il fallait créer ces informations dans une base de données numériques, puis partager ces informations avec la BAN avec l’IGN, La Poste, le service national de l’adresse, le SDIS et la DGF .

A partir de cette expérience et des données, un diagnostic a été proposé aux communes. Ces diagnostics par commune ont permis d’identifier des anomalies.

L’ensemble des communes a été informé, et sensibilisé aux problématiques de l’adressage. Des réunions ont été organisées au niveau des intercommunalités sur les enjeux de l’adressage.

Après réflexion, c’est le SIG départemental qui a été retenu pour créer la base de données, car il était déjà utilisé par 90% des communes de Charente. Un petit modèle de données simple autour de l’adressage a été créé avec deux éléments essentiels : la nomination des voies et les points à poser le long des voies sur la base de la BD Topo®  de l’IGN.

Des ateliers pratiques ont ensuite été organisés pour former l’ensemble des communes.

Deux solutions ont été proposées :  l’autonomie totale des communes, la délégation de ces actions à l’ATD 16 avec un contrôle d’exhaustivité.

Il était très simple, une fois ces données créées, d’effectuer une requête automatique avec le logiciel pour récupérer le nom du propriétaire, l’adresse de la parcelle.

Ainsi en créant une base adresse chaque commune se créait une base des résidents qu’elle pouvait croiser avec sa liste électorale par exemple.

Aujourd’hui les deux couches de données, les voies et les numéros des adresses, sont publiées dans le catalogue PIGMA en open data pour être moissonnées par data.gouv en direction de la BAN.

Les acteurs locaux, le SDIS, le centre hospitalier d’Angoulême, la DGFIP peuvent également aller sur la BAN pour récupérer ces éléments.

Puis Romain Lacourarie a illustré ces propos en présentant deux cartes :

  • Une carte des communes qui utilisent l’outil SIG pour gérer les voies qu’elles nomment et les adresses,
  • Et une carte des communes qui ont créé une base adresse locale soit par l’intermédiaire de l’ATD 16 soit par l’outil mesadresses soit par d’autres prestataires.

Ainsi apparaissent les communes qui n’ont créé aucune base adresse locale. Elles ont des adressages issus d’un assemblage de données soit d’adresses provenant de la DGFIP de l’IGN ou de La Poste. Il s’agit d’un point de vigilance (cf la loi 3DS qui oblige les communes à mettre en place un adressage numérique et constituer une base adresse locale).

En conclusion, Romain Lacourarie a précisé que L’ATD 16 sensibilise ces communes en priorité.

Après avoir remercié Romain Lacourarie, Anne Sagot Duvauroux a invité Sylvain Lafont, SDIS 40, et Benoit Bodennec, DFCI Landes à présenter le cas de géocommuns interopérables au service de la prévention et du risque incendie.

(Télécharger la présentation de Romain Lacourarie, ATD 16)

Des géocommuns interopérables au service de la prévention et du risque incendie

20240404 LES COMMUNS EN GEODATAS SYLVAIN LAFONT
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA et Sylvain Lafont, SDIS 40

En introduction, Benoit Bodennec, DFCI Landes, a redonné le contexte et la spécificité du massif forestier des Landes de Gascogne.

Le massif des Landes de Gascogne est un massif forestier d’1 000 000 d’hectares entre Garonne Adour et Atlantique.C’est un massif forestier cultivé source d’une filière économique. Il est très sensible aux feux de forêt puisqu’en moyenne (statistiques 2006/2022) il connait 900 feux par an et 2500 hectares brûlés.

La lutte contre ce fléau s’est posée entre les sylviculteurs propriétaires et victimes de ces feux et les pompiers professionnels. Pour améliorer cette lutte des aménagements étaient nécessaires. L’ensemble des acteurs avaient des cartes mais chacun avait sa carte et il n’était pas facile de s’y retrouver. Une même piste pouvait avoir plusieurs noms suivant les supports utilisés. Benoit Bodennec a cité à titre d’exemple un chemin du facteur qui avait jusqu’à cinq noms différents.

Dans ce contexte, il était impossible de retrouver un départ de feu ou même d’organiser un secours à personne car il était très souvent compliqué de savoir où aller pour intervenir.

Dès les années 90 s’est donc posée la question entre la DFCI, le sdis et les autres partenaires de créer une donnée partagée.

Dans un premier temps, des relevés GPS ont permis de cartographier l’ensemble des voies forestières avec une notion de caractérisation de la voie (chemin, piste, sol naturel, voie empierrée). Ces relevés ont été effectués par des géomètres sous la bannière de la DFCI.

Il était également nécessaire de cartographier les points d’eau, indispensables à la lutte contre les incendies et les ouvrages de franchissement (passages busés et autres ponts).

Depuis, ces cartes ont été enrichies avec d’autres données comme les centrales photovoltaïques, les lignes électriques, les voies ferrées, le parcellaire issu de la DGFIP ou le réseau routier.

Benoit Bodennec s’est ensuite appuyé sur un schéma pour montrer que le partage de l’information a été pensé à la source c’est-à-dire à la création de la donnée grâce à un travail en réseaux. Ainsi chaque donnée créée est partagée dès le départ avec l’ensemble des acteurs.

Cette cartographie des pistes et des points d’eau est montée en puissance notamment par son utilisation en soutien lors des différentes tempêtes. Elle est à l’origine de la création du GIP ATGeRi, puis de PIGMA, des observatoires comme l’ORRNA et le NAFU, avec le passage à la Nouvelle-Aquitaine. Au fur et à mesure de l’élargissement de ses missions, le GIP ATGeRi a intégré des nouveaux membres comme l’IGN, l’ONF…

Sylvain Lafon a repris les propos de Benoit Bodennec en soulignant que la collaboration et les échanges de données est effectivement historique au SDIS sur la partie forestière.

Par contre, il a rappelé qu’il manquait la partie réseau goudronné sachant que 80% des interventions sont du secours à personne sur du réseau goudronné. L’idée était donc d’étendre cette collaboration sur la partie réseau goudronné.

Il fallait donc impliquer les collectivités locales, les communautés de communes, les mairies afin de disposer d’une base de données commune avec ces acteurs du territoire en plus de la DFCI. Jusqu’à présent la collecte de l’information s’effectuait avec des tournées sur le terrain par les sapeurs-pompiers et une remontée des informations par saisie dans le système d’alerte avec une convergence avec la BD Topo® de l’IGN.

L’idée était de disposer d’une base de données, socle commun, avec tous les acteurs du territoire afin de pouvoir bénéficier des informations directement saisies par le producteur de la donnée grâce à des outils collaboratifs. Cette base de données enrichie permet l’utilisation du calcul d’itinéraire pour la distribution des secours.

Dans les Landes, le SDIS s’appuie sur l’ADACL qui porte la philosophie de collaboration et l’accompagnement nécessaire auprès des collectivités. L’animation au plus près des collectivités du territoire est donc essentielle. Le cœur de la base de données socle est la BD Topo® de l’IGN enrichie des données partagées au sein de la plateforme PIGMA gérée le GIP ATGeRi.

L’objectif de faire vivre ce réseau est de pouvoir bénéficier de mises à jour quasi temps réel intégrables dans les systèmes d’alerte du SDIS. Les précisions d’adressage avec des GPS connectés permettent ainsi d’agir par anticipation.

Après avoir remercié Sylvain Lafont et Benoit Bodennec, Anne Sagot Duvauroux a invité Antoine Riche, Carto’Cité, à présenter les cas de Panoramax et CentipedeRTK naissance de deux géocommuns.

(Télécharger la présentation de Sylvain Lafont, SDIS 40, et Benoit Bodennec, DFCI Landes)

Panoramax et CentipedeRTK naissance de deux géocommuns

20240404 LES COMMUNS EN GEODATAS ANTOINE RICHE
De haut en bas : Antoine Riche, Carto’CIté; Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA

En introduction Antoine Riche s’est présenté comme consultant formateur OpenStreetMap à Carto’Cité, structure qu’il a créé depuis dix ans.

Carto’Cité mène de nombreux projets autour de la création ou la maintenance de données (SNCF Transilien, Ile de France Mobilités, Département du Val de Marne…) sous forme de conseil et d’accompagnement, et de la formation de géomaticiens (Céréma…).

Carto’Cité est membre fondateur de la Fédération des Professionnels d’OSM née en 2023.

Carto’Cité contribue à des projets de géocommuns comme Panoramax et CentipedeRTK.

Carto’Cité a une méthode de collecte sur le terrain basée sur la photographie et c’est sur la base de l’observation de ces photographies que des données sont créées sur OSM.

Carto’Cité a conçu et amélioré au fil des ans des kits de collecte piétons adaptables sur un vélo pour faire de la collecte avec le moyen de transport adapté.

Ces photos collectées étaient historiquement versées sur Mappilary qui est une plateforme de partage de photos géolocalisées sous licence libre qui permettent de contribuer à OSM, contrairement à Google Street View dont les conditions d’utilisation ne permettent pas de créer de la donnée cartographique.

En 2020, Mappilary a été racheté par Meta (Facebook) ce qui a posé des problèmes éthiques et techniques (disparition de certaines fonctionnalités notamment).

De ce constat, la première version de GeoVisio a été développée en janvier 2022. Il s’agit d’une visionneuse de photos 360, associée à une base de données qui stockent les photos, avec un protocole d’échange pour visionner, et une carte qui permet de voir la position.

Après la présentation du projet lors du State of the Map France en juillet 2022, il intégre sous le nom de Panoramax le programme startup d’état de la DINUM avec l’accompagnement de l’IGN via la Fabrique des géocommuns.

Panoramax doit être autonome fin 2025.

Aujourd’hui c’est un projet qui prend de l’ampleur grâce à :

  • Une communauté́ active de 206 contributeurs avec 150 000 km de distance couverte et 14 M de photos,
  • Une mutualisation du stockage par deux instances publiques panoramax.ign.fr et panoramax.openstreetmap.fr (Catalogue complet : api.panoramax.xyz)
  • Une suite logicielle libre (Visionneuse 360°, Versement de photos Floutage des visages et plaques API de requête),
  • Des premières réutilisations intéressantes (Intégration visionneuse Web Détection d’objets par IA)

Antoine Riche a ensuite présenté le projet Centipède RTK.

La technologie RTK permet d’améliorer la précision de la position en associant au GNSS (dont la position peut avoir une erreur de plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres dans des conditions défavorables comme un canyon urbain) une station de référence fixe (ou base GNSS) dont la position précise est connue. Le rover, qui n’est pas fixe, détermine précisément sa position en temps réel. Il effectue pour cela de savants calculs qui utilisent les signaux GNSS qu’il reçoit, les signaux GNSS des mêmes satellites reçus par la station de référence, et la position précise de cette station. Si la station est suffisamment proche du rover (jusqu’à une dizaine de kilomètres), ce dernier peut être positionné avec une précision de l’ordre du centimètre. On estime la perte de précision à environ un cm par 10 km de distance à la station.

La géolocalisation RTK nécessite donc de déployer plusieurs stations de référence, ainsi qu’une infrastructure permettant aux rovers d’identifier la station la plus proche et d’accéder aux données qu’elle émet.

Cette technologie impose de s’abonner à un service RTK assez coûteux.

En 2016 à l’occasion de la sortie d’une puce RK, Stéphane Péneau de Carto’Cité fabrique sa propre base et effectue des tests qui se révèlent concluants. C’est sur cette base que Julien de l’INRAE lance un projet libre ouvert et abordable de géolocalisation RTK (avec diffusion des plans de fabrication de la base).

Aujourd’hui, plus de 650 bases ont été déployées, soit en autonomie soit fabriquées par Stéphane Péneau. Cette technologie est utilisée dans l’agriculture, dans l’environnement (pour l’autoguidage de tracteurs par exemple).

Au rythme du développement du projet le territoire français devrait être couvert d’ici un à deux ans. Des bases commencent également à se déployer en Europe, et au Canada.

Une association doit être créée afin de définir la gouvernance et consolider son architecture.

En conclusion Antoine Riche a précisé qu’à partir de cette inititaive, Carto’Cité a diversifié ses services. Ainsi en novembre 2023, CartoCité a équipé le SDIS de l’Hérault avec du matériel de collecte (caméra 360 et récepteur RTK).

(Télécharger la présentation de Antoine Riche, Carto’Cité)

 

Après avoir remercié les intervenants pour leurs présentations et les nombreux participants Anne Sagot-Duvauroux a mis fin au webinaire.

Elle a rappelé le nouveau format de webinaire PIGMA Vendredi en veux-tu en data qui en moins d’une demi-heure effectue un focus sur un jeu de donnée. Le prochain Vendredi en veux-tu en data a lieu le vendredi 12 avril sur les Zonages environnementaux.

Elle a donné rendez-vous aux partenaires PIGMA en présentiel le 6 juin à Bordeaux pour les Rencontres régionales PIGMA et au mois d’octobre pour le prochain webinaire café-atelier PIGMA.

(Replay du webinaire disponible sur inscription à pigma@gipatgeri.fr)