Géodatas responsables au dernier webinaire de la communauté PIGMA
Animation, Café-atelier, Données
04/12/2024
Le dernier webinaire de la communauté PIGMA, qui échange de la donnée en Nouvelle-Aquitaine, avait lieu le jeudi 5 décembre sous la forme d’un café-atelier. L’objectif de ce rendez-vous : comment mettre en œuvre des géodatas sobres et efficaces. Compte-rendu.
En ouverture de webinaire, Victoire Roux-Barucq, GIP ATGeRi/PIGMA, après avoir accueilli les participants, a rappelé les bonnes pratiques du webinaire pour optimiser l’expérience de la matinée.
Martin Blazek en charge de l’animation PIGMA, a ensuite remercié l’ensemble des participants. Il a signalé qu’ils étaient un peu moins nombreux que d’habitude eu égard à la grève de la fonction publique. Sur les 76 partenaires inscrits à ce webinaire PIGMA sur les géodatas responsables, 54 étaient présents.
Il a remercié l’ensemble des intervenants : Laurent Bourgitteau-Guiard, de l’Institut du Numérique Responsable ; Patrick Benazet, de la Préfecture de la région Nouvelle-Aquitaine, SGAR Nouvelle-Aquitaine ; Jérôme Cheneau, de la Communauté de communes MACS ; Mathias Hummel, et Gabriel Dos Santos, de Bordeaux Métropole ; Sophie Blanchet, de Naomis.
Il a également remercié l’équipe PIGMA pour l’organisation et la production de l’évènement.
Il a rappelé que PIGMA est un centre de ressources d’un réseau de près de 900 partenaires qui partagent plus de 10 000 données depuis 15 ans sur le territoire régional. PIGMA est géré par le GIP ATGeRi : expert en gouvernance de la donnée.
Ces cafés-ateliers PIGMA trimestriels organisés en distanciel sont des temps dédiés de partage autour de la thématique de la donnée et ses usages.
L’objectif des événements du réseau PIGMA est de mutualiser les usages pour gagner en compétences, en productivité et en temps dans nos missions.
La production de données au niveau mondial connaît une croissance exponentielle, alimentée par une explosion des usages en ligne, notamment du contenu vidéo et en temps réel.
Cependant, la seule volumétrie des données ne suffit pas à évaluer l’impact du numérique. L’accumulation massive de données entraîne une augmentation des besoins en matériel et en énergie, qui, malgré des gains d’efficacité, peinent à compenser l’essor des usages.
Les données géolocalisées suivent cette même tendance, avec des technologies comme le Big Data, l’IoT (Internet of Things, objets connectés) et l’IA (Intelligence artificielle) qui génèrent toujours plus d’informations.
Depuis la Loi République Numérique, les acteurs territoriaux ont ouvert leurs données, et avec plus de 300 portails opendata, les flux de données continuent de croître.
A ce rythme, Martin Blazek a constaté que l’issue était « droit dans le mur ».
Il a relaté la difficulté à trouver des intervenants pour ce webinaire ce qui reflète que la thématique des géodatas responsables est à ses débuts. La prise de conscience du numérique responsable est un fait, bon nombre de services publics et de collectivités se sont emparés du sujet mais la démarche n’est pas forcément mature à toutes les échelles.
Il n’y a pas de méthodologies types ni de corrélation entre la superficie du territoire et le lancement de la démarche.
Néanmoins il a précisé que la sobriété des géodatas n’est qu’une brique du numérique responsable. Pas de datas ni de géodatas responsables sans démarche du numérique responsable.
Il a donc proposé après un cadrage du contexte, d’y voir plus clair sur l’écoresponsabilité des données et données géoréférencées en s’appuyant sur des exemples concrets.
Martin Blazek a ensuite invité Laurent Bourgitteau-Guiard, de l’Institut du Numérique Responsable à présenter le contexte de la sobrité numérique.
La sobriété numérique
Laurent Bourgitteau-Guiard a présenté en introduction l’Institut du Numérique Responsable, association pionnière en France, créée en 2018. L’INR se considère comme un « think and do tank » avec pour ambition de répondre aux défis posés par la révolution numérique et les crises environnementales.
L’INR regroupe 150 adhérents sur toute la France et près de 300 via ses écosystèmes INR Belgique et Suisse. Ces adhérents sont des collectivités locales, régions, communautés d’agglomération, métropoles, universités, ministères, grandes entreprises du CAC 40 mais aussi des TPE, PME et des associations.
La mission de l’INR est de créer, aider, partager, réfléchir et proposer des solutions afin de promouvoir et d’agir pour un numérique plus éthique, durable et respectueux de l’environnement et des droits humains.
Le numérique responsable vise à concilier l’usage des technologies numériques. C’est une démarche globale regroupant les impératifs environnementaux, sociaux et économiques. Elle repose sur la triple ambition des 3P (People, Planet, Prosperity) soit Peuple, Planète Prospérité. Le peuple focalisé sur des pratiques numériques doit prendre en compte le respect du droit humain. L’éthique et l’inclusion font également partie de la démarche. En effet le numérique responsable est trop souvent ramené exclusivement à l’empreinte environnementale ou les émissions de CO2, en réalité cela va beaucoup plus loin.
L’INR facilite la mise en relation des organisations, et les accompagne dans leurs démarches d’amélioration continues qui s’articulent autour de de 3 grands volets essentiels que sont :
- comprendre,
- évaluer
- et agir.
Pour le « comprendre », L’INR aide les organisations à prendre conscience des enjeux environnementaux, sociaux, sociétaux et économiques liés à leurs usages du numérique et les sensibilise à ces problématiques. L’INR invite surtout à se questionner et à trouver les réponses adaptées pour limiter l’impact des choix technologiques et organisationnels.
La partie « évaluer » est la participation à la co-construction d’outils nécessaires pour mesurer les impacts numériques. Cette évaluation s’appuie sur des indicateurs, des référentiels et permet d’identifier des points d’amélioration. L’INR souhaite légitimer ses évaluations pour aboutir à des mesures plus précises et universelles. Ainsi en évaluant les effets de leurs pratiques numériques, les organisations peuvent prioriser les actions à mener.
Pour la partie « agir », l’INR guide les organisations pour leur phase d’action sur la base des évaluations précédemment réalisées et aide les faiseurs à mettre en œuvre des actions concrètes pour réduire et limiter les impacts négatifs et les effets rebonds.
Cette étape comprend l’intégration de choix stratégiques et leurs applications opérationnelles et leur permet de transformer leur réflexion en initiative tangible.
Depuis 2018, l’INR a mis en place le label Numérique Responsable, NR, avec près de 200 organisations labellisées, majoritairement en France et en Europe. Ce label va être mis à jour afin d’être plus diffusé et massivement adopté.
L’INR a également mis en place, la charte numérique responsable avec plus de 2000 signataires. Il s’agit d’une action déclarative gratuite, en ligne, qui engage le signataire à mettre en place quelques actions et appliquer des pratiques vers un numérique responsable.
L’INR compte également la certification de connaissances NR qui affiche aujourd’hui plus de 5500 certifiés en France et qui passe par un MOOC en ligne, gratuit, disponible sur le site de l’INR.
Plusieurs de ces outils de sensibilisation ou preuves d’action en faveur du NR sont devenus des référents. De plus en plus d’appels d’offres, de feuilles de route liées à la loi REEN, demandent aux prestataires d’être labellisés ou d’être certifiés ou d’avoir une certaine formation NR. Ces outils sont utiles, légitimés et reconnus.
Tous ces livrables créés avec les adhérents, avec les permanents et avec l’écosystème sont disponibles gratuitement en ligne, sans monétisation, accessibles par tous, libres d’usage sous licence Creative Commons.
Le référentiel IA éthique et responsable lancé en avril dernier, quasiment concomitamment avec le référentiel IA frugale de L’AFNOR. Ces 2 référentiels se complètent car ils approchent l’IA de manière totalement différente, frugalité par l’AFNOR, éthique et responsabilité du côté de l’INR. Après discussion avec l’AFNOR ces 2 référentiels vont être interconnectés parce que complémentaires car ils permettent une approche globale de l’IA, accélérateur exponentiel de l’empreinte environnementale du numérique.
L’INR a créé la boîte d’outils WeNR, réalisée en partenariat avec les interconnectés. C’est un outil qui permet d’effectuer une évaluation simple, rapide et immédiate de son empreinte numérique. Elle a été testée avec succès auprès de plus d’une trentaine de collectivités.
Il existe également la formation ambassadeur numérique qui a été réalisée pour la 3e année en Nouvelle-Aquitaine cette année. L’INR a sur ses fonds propres modélisé cette formation. Afin de la rendre disponible sur étagère pour chacun.
L’objectif est de pouvoir compter sur des managers, des ambassadeurs du numériques responsable avec comme mission de diffuser et sensibiliser au NR au sein de leurs organisations, publiques ou privées.
Laurent Bourgitteau-Guiard a rappelé que d’après l’ONU, en 2024, le numérique représente 3,2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et que cette proportion croît exponentiellement. La prise en compte de ces enjeux est cruciale pour limiter la pression sur les ressources naturelles et énergétiques.
Les géodatas sont souvent ignorées dans les stratégies systémiques de sobriété numérique. Pourtant leur collecte et leur traitement, leur stockage nécessitent des infrastructures énergivores, des capteurs alimentées en continu, des centres de données avec une consommation énergétique exponentielle, des logiciels complexes qui multiplient les calculs parfois redondants. Il y a donc beaucoup à faire pour les orienter vers l’écoconception.
L’inclusion des géodonnées dans le numérique responsable pourrait réduire les impacts positifs majeurs.
Laurent Bourgitteau-Guiard a proposé de réfléchir ensemble à un référentiel dédié qui combinerait sobriété numérique et gestion responsable des géodonnées.
Martin Blazek a remercié Laurent Bourgitteau-Guiard, de l’Institut du Numérique Responsable et ensuite invité Patrick Benazet, SGAR Nouvelle-Aquitaine à présenter la sobriété numérique reserrée à la thématique des géodatas.
La sobriété numérique focus géodatas
En introduction, Patrick Benazet a rappelé que la société est un « tout numérique » avec un fort impact environnemental. C’est à la fois un ensemble d’outils qui représente un levier très intéressant pour les décisions publiques et ses acteurs et qui influence l’évolution climatique.
Les géodatas constituent le carburant essentiel de l’ensemble des services numériques. Aujourd’hui tous les usages liés à nos smartphones font appel à la géolocalisation et donc à des géodatas.
En effet, notre monde interconnecté se nourrit de la donnée, et essentiellement des données géolocalisées. L’ensemble des données produites et récoltées avec son smartphone sont en effet géolocalisées.
En même temps lorsque l’on aborde le thème de la transition écologique, et d’innovation pour le développement durable, les géodatas constituent un extraordinaire outil d’aide à la décision, mais également d’action.
L’empreinte environnementale des géodatas s’effectuent via les équipements informatiques. Les ressources de ces équipements sont de plus en plus énergivores, de plus en plus émissives en gaz à effet de serre.
Il s’agit de veiller à tous les aspects qui relèvent de la consommation énergétique, de l’impact sur le prélèvement des ressources et le renouvellement des équipements, donc de fait de la production de déchets électroniques.
Patrick Benazet a rappelé que l’intelligence artificielle intervient de plus en plus dans les données géolocalisées, et qu’il faut bien avoir à l’esprit que les consommations énergétiques sont sans commune mesure lorsqu’on fait appel à des traitements basés sur une intelligence artificielle. Ces consommations sont multipliées par 30 à 1800 selon qu’on considère la production de texte ou la production d’images par exemple.
Également sans commune mesure en matière de prélèvements de ressources, sur les matières premières. Pour construire une puce graphique (GPU) pour le traitement d’intelligence artificielle, il ne faut pas moins de 80 métaux, qui sont pour l’essentiel des métaux devenus rares. Il faut également prélever énormément d’eau, pour fabriquer ces composants.
Ensuite pour l’exploitation, les data centers doivent être refroidis parce que ces composants produisent énormément de chaleur, à tel point qu’ils sont refroidis avec de l’eau chaude !
L’économie circulaire, avec les reconditionnements et la production des déchets, doit être intégrée de la conception jusqu’à l’exploitation des systèmes numériques.
Patrick Benazet a ensuite abordé la réglementation et les bonnes pratiques à adopter selon la loi REEN 2021 :
- Réduire la consommation énergétique,
- Promouvoir le recyclage et la réutilisation des matériels,
- Adopter des pratiques de développement durable.
Patrick Benazet a insisté sur ce dernier point. Il s’agit d’introduire ces pratiques de façon beaucoup plus vulgarisée. En effet, l’acculturation aux enjeux des données passe également, par l’acculturation aux enjeux environnementaux. Les geodatas permettent aux décideurs d’agir sur la transition écologique.
En effet, les géodatas permettent de suivre les paramètres des changements climatiques : les phénomènes, les relevés de température, les relevés de niveaux de la mer, des glaciers…
Les géodatas permettent également de veiller à une meilleure gestion des ressources naturelles grâce à des observations détaillées des sites environnementaux qui permettent ensuite de prendre des décisions.
Elles permettent également une approche sur le développement des énergies renouvelables : par exemple avec le plan de déploiement de parcs éoliens, du photovoltaïque au sol. C’est grâce à ces données qu’il est possible de déterminer quels sont les sites d’implantation les plus appropriés.
C’est également grâce à ces données qu’il est possible d’avoir une gestion fine de l’espace forestier, l’optimisation de la gestion de sa culture (exemple en Nouvelle-Aquitaine), la déforestation, sa protection notamment contre les incendies.
En matière d’aménagement du territoire, les géodatas permettent des représentations détaillées avec des niveaux de précision de plus en plus accrus, et ainsi d’offrir une meilleure compréhension des enjeux aux décideurs qui, eux, ne sont pas des spécialistes de la donnée, mais des spécialistes des priorisations des politiques publiques.
Le numérique écoresponsable est au cœur des enjeux des COP.
La COP 27 a posé un cadre d’objectifs en mettant l’accent sur l’importance des données pour la lutte contre le changement climatique. La géodata est un levier fort, les enjeux importants sont la mise en commun, le partage, et la fluidité des données. C’est un sujet bien connu en Nouvelle-Aquitaine avec PIGMA. La data joue un rôle crucial sur la surveillance des émissions de gaz à effet de serre et de l’impact de l’activité humaine sur le climat.
La COP 28 permet de poursuivre ces efforts afin que les stratégies de développement durable soient de plus en plus basées sur de la géodata.
L’État a souhaité mettre en place des COP régionales conduites entre l’État et les régions. La COP Nouvelle-Aquitaine s’est réunie pour la première fois en décembre 2023. Les travaux ont permis de mettre en place des indicateurs environnementaux régionaux. Ces indicateurs territoriaux sont issus de la captation et de la valorisation de géodatas.
Début octobre 2004, la COP Nouvelle-Aquitaine, s’est réunie à nouveau avec un projet de feuille de route qui pose le principe d’un tableau de bord. Ce tableau de bord va permettre de suivre les activités, de mesurer l’efficience des actions prises.
Patrick Benazet a souligné que la géodata est réellement un levier facilitateur pour la prise de décision, de sorte que les décideurs publics puissent prendre les décisions en connaissance de cause et avec le plus de précisions possibles.
Enfin , Patrick Benazet a donné des exemples concrets de solutions basées sur des données géolocalisées comme les systèmes d’alerte précoce permettant de sauver des vies humaines (réception de SMS sur smartphone en cas de danger), la gestion des ressources agricoles (sécheresse) ou la Smart City pour limiter la vitesse des voitures par la régulation des feux de circulation et lutter ainsi contre les excès de consommation énergétique.
Pour conclure, Patrick Benazet a rappelé que les géodatas sont au coeur des enjeux liés à l’avenir de la planète. En tant que moteur du progrès et de l’innovation, les géodatas ont un rôle à jouer dans la transition écologique. En adoptant des pratiques écoresponsables, le potentiel des géodatas peut permettre de constuire un avenir plus vert et polus équitable.
Martin Blazek a remercié Patrick Benazet, SGAR Nouvelle-Aquitaine, et a invité Jérôme Cheneau, Communauté de communes MACS, à présenter les données au coeur de la sobriété numérique locale.
(Télécharger la présentation Patrick Benazet, SGAR Nouvelle-Aquitaine)
Les données au cœur de la sobriété numérique locale
En introduction Jérôme Cheneau a présenté la communauté de communes MACS, Maremne Adour Côte Sud, qui se situe au Sud des Landes, avec des communes emblématiques comme Hossegor, Capbreton, Soustons ou Tyrosse. Depuis 2020 la CC MACS a lancé une démarche avec Green IT avec 5 collaborateurs formés, et certifiés au sein de la DSIN.
A partir de là, de nombreuses actions ont été lancées. Un travail important a été effectué sur l’analyse du cycle de vie de l’infrastructure numérique, le hardware.
Des actions ont été menées sur la gestion des impressions, avec de l’acculturation et des petits gestes de la vie quotidienne. Un travail a été effectué également sur la gestion de la fin de vie du matériel, pour sortir d’une logique pas très valorisante et donner une seconde vie au matériel. Cette logique a été intégrée dans la politique des achats de la collectivité afin de consommer différemment avec des rendements équivalents.
Sur les marchés publics, des clauses spécifiques ont été intégrées afin de valoriser le label NR avec les partenaires de la CC MACS. Les futurs partenaires sont encouragés à faire de même.
Enfin l’open source est favorisé. Ainsi depuis 2023, le territoire de la CC MACS est labellisé « territoire numérique libre » avec une note de 4 sur 5.
En ce qui concerne la donnée, les obligations légales, le RGPD, le RIP, l’Open data, la loi REEN ont fait évolué les méthodes de travail des services de la collectivité afin de sortir de la logique de silos.
Ainsi en 2021, un catalogue de données a été mis en place afin de connaître le patrimoine de données de la collectivité. L’objectif du catalogue est de mieux utiliser le patrimoine de données, pour mieux le fiabiliser, et le valoriser. Ainsi depuis trois ans l’ensemble des services travaille à nettoyer, localiser, consolider et partager les données de la collectivité. Ainsi entre janvier 2024 et novembre 2024, la collectivité est passée de 600 000 sources de données à un peu moins de 300 000 donc une réduction conséquente.
C’est un travail qui a été fait à plusieurs échelles. La première échelle est la qualité de la donnée, avec un travail sur l’obsolescence de la donnée (fichier de plus de 10 ans).
La deuxième échelle est le doublonnage qui a permis un grand nettoyage.
Un travail avec le DPO de la collectivité a été effectué sur la culture de la donnée auprès de tous les services, qu’est ce qu’une donnée, qu’est ce qu’une bonne donnée, comment qualifier et avoir une donnée qualitative. Cette acculturation a été mise en place au travers de réunions régulières avec l’ensemble des services et des agents pour prendre conscience du potentiel d’une donnée. Elle s’appuie sur le catalogue de données qui identifie l’ensemble des fichiers qui ont des critères, RGPD, données d’identification, de santé financière, religieux… Cet accompagnement des services permet aussi de faire une prise de connaissance et une culture commune.
Depuis la culture de la donnée pousse vers une valeur partagée.
Auparavant il n’y avait pas de transversalité dans les données. Depuis 2021, des ateliers, annuels ou biannuels, ont été mis en place autour de la donnée géographique ou non. Ce sont des moments d’échange avec pour objectif un référentiel commun afin d’éviter de refaire ce qui existe déjà.
En 2023, une charte de la donnée a été mise en place sur le territoire de MACS en reprenant les fondamentaux que sont les 5 grands principes : l’éthique, la transparence, l’innovation, la collaboration, et des données écologiquement vertueuses.
En 2024, la Stratégie de Management des Enregistrements (MDE) a été lancée afin de standardiser les structures et le nommage en base de données ou en fichiers bureautiques. Ainsi une gestion plus fine du « versioning » a été obtenue avec des données plus fiables, une gestion plus fine de la temporalité, un travail sur la qualité de la donnée avec PIGMA.
Pour 2025-2027, la CC MACS travaille à la réflexion d’une rédaction de la stratégie de la donnée, afin de fiabiliser la donnée et travailler sur la mise en place de données de référence (exemple avec la liste des communes concaténée à un seul endroit qui la diffuse).
Enfin, Jérôme Cheneau a conclu que durant les 3 prochaines années, la CC MACS va accélérer sur l’open data avec PIGMA. Le travail a déjà débuté avec la standardisation pour pouvoir échanger plus facilement les données en interne et en externe. L’open source est également au programme pour ne pas refaire ce qui existe déjà et partager avec d’autres structures en s’appuyant sur leur socle et avancer dans le même sens.
Martin Blazek a remercié Jérôme Cheneau, Communauté de communes MACS, et a invité Mathias Hummel, et Gabriel Dos Santos, Bordeaux Métropole, à présenter la production de données géoréférencées écoresponsables, le cas d’une métropole.
(Télécharger la présentation de Jérôme Cheneau, Communauté de communes MACS)
La production de données géoréférencées écoresponsables, le cas d’une métropole
En introduction Mathieu Hummel, Directeur des communs numériques à Bordeaux Métropole a précisé les deux parties de l’intervention à deux voix avec Gabriel Dos Santos :
- Une première partie sur la stratégie numérique responsable,
- Une seconde partie sur les datas et géodatas responsables.
Mathias Hummel a rappelé que depuis le début du mandat métropolitain un certain nombre de politiques publiques ont été adoptées sur les sujets de transition écologique, sociale, sociétale. Cela comprend un plan climat, un schéma lié à nos achats publics, socialement et économiquement responsables, un schéma de développement économique. Et des orientations numériques de façon globale.
Aujourd’hui le contexte de l’explosion de la consommation de l’usage numérique induit nécessairement un besoin affirmé de transparence, de confiance dans les données mises à disposition, et manipulées par les agents et usagers. Cela induit également des enjeux de fractures, d’inclusion, d’accompagnement des publics liés aux impacts du numérique.
Ces enjeux sont encadrés par des exigences réglementaires que sont la loi AGEC (2020), la loi REEN (2021) le RGAA et le RGESN.
Dans ce cadre, une politique numérique responsable a été construite et adoptée par le conseil métropolitain le 29 septembre 2023. Elle dresse à 360 les enjeux de responsabilité du numérique au niveau environnemental, social, sociétal et éthique. C’est le résultat d’un travail collectif à la fois avec les agents et les élus avec le service numérique, mais également avec les différents métiers comme la commande publique, le développement économique, les archives… Ont été également associées les 19 villes du territoire pour qui le numérique et la data sont mutualisés avec Bordeaux Métropole. Cette politique est disponible publiquement. Elle est à destination de tous les acteurs du territoire que sont les agents, les usagers, les écoliers, les entreprises, les associations, les établissements publics.
Globalement cette politique est articulée autour de 7 axes et un transverse :
- La sensibilisation et l’accompagnement des acteurs du territoire,
- La diminution de la fracture numérique,
- Les achats responsables pour le numérique,
- L’optimisation de la gestion des infrastructures, logiciels et services numériques,
- L’écoconception de services numériques accessibles au plus grand nombre,
- La maîtrise pour garantir la confiance, la souveraineté et l’éthique,
- L’interopérabilité et la création de communs numériques,
- Et transversalement l’évaluation et le pilotage de la stratégie numérique responsable.
Mathias Hummel a invité Gabriel Dos Santos à détailler les trois derniers axes spécifiques à la data et comment il s’inscrivent dans la stratégie du numérique responsable.
Pour ce faire, Gabriel Dos Santos est revenu sur une vision plus large sur le panorama des sources de données c’est à dire l’ensemble de tout l’écosystème de données utilisé par Bordeaux métropole.
Ces données proviennent du système d’information, les données métropolitaines et communales, données issues de commandes ou de partenariats, de délégataires de service public, des capteurs grâce à l’IOT donc de données de l’espace public, des données issues de la contribution citoyenne, des réseaux sociaux, du mobilier urbain….
Gabriel Dos Santos a précisé que la donnée est une matière qui n’est pas tout à fait comme les autres, puisqu’elle ne s’épuise pas, elle n’est pas détruite quand on la consomme, contrairement à d’autres ressources (par exemple le pétrole) et dont le coût de stockage est de plus en plus faible …
La donnée est une matière première dont la valeur est plutôt dans la circulation que dans le stockage, dans son utilisation et dans sa transformation.
Il a ensuite fait le lien avec l’écoconception et le fait d’utiliser toute la donnée.
Il a insisté sur le changement de paradigme et le pari de stocker la donnée utile et nécessaire en répondant aux 3U : utile, utilisable et utilisée.
De ce fait en écoconception, il s’agit de se poser la question dès le départ, le plus en amont possible, sur le bon fonctionnement des infrastructures de capteurs, la collecte et le stockage.
La politique de la donnée de Bordeaux Métropole, repose sur les concepts très clairs de la confiance et la souveraineté qui peuvent faire penser à l’économie circulaire.
Cela concerne tout le lignage de la propagation de la donnée, intégrer la donnée dès sa production, la confidentialité et la sécurité, la fiabilisation des traitements ; l’innovation avec des nouveaux usages, et l’archivage et l’historique. C’est ce qui permet d’ouvrir la donnée, de favoriser l’usage, diversifier et partager au maximum via l’open data.
Cette politique dépend d’un contrat d’interface c’est-à-dire une clause data inscrite dans toutes les interfaces de données de Bordeaux Métropole, notamment avec les délégataires, et les partenaires.
C’est un contrat qui vient préciser la donnée utile et nécessaire, fixer les règles pour chercher de la donnée utile dans l’analyse du territoire.
Gabriel Dos Santos a rappelé que la gouvernance des données est indispensable pour assurer une bonne circulation et un bon usage de la donnée. C’est la gouvernance qui permet de s’assurer et de maîtriser le cycle de vie de la donnée, sa qualité, sa diffusion, sa réutilisation, sa transformation. Sans la gouvernance, il y a une perte d’information et du gaspillage, pas d’accessibilité, un regain d’efforts et des coûts de production des produits (cartes, tableaux de bord) augmentés.
Cette politique s’inscrit donc dans une démarche globale de création de communs numériques. Au démarrage se situe la collecte des données avec le contrat d’interface, le stockage, le porté à connaissance avec le dictionnaire de données, la diffusion et l’utilisation avec l’open data qui permet la transparence et l’accès au maximum d’informations.
En conclusion, Gabriel Dos Santos a précisé que cette politique numérique responsable permet une culture commune de la donnée.
Martin Blazek a remercié Mathias Hummel, et Gabriel Dos Santos, Bordeaux Métropole, et a invité Sophie Blanchet, Naomis, à présenter : vers un SIG responsable.
(Télécharger la présentation de Mathias Hummel, et Gabriel Dos Santos, Bordeaux Métropole)
Vers un SIG responsable
En introduction, Sophie Blanchet a présenté Naomis, filiale numérique du groupe Keran. C’est une entreprise à mission, engagée sur les thématiques de l’aménagement et de l’environnement. L’impact de toutes ses activités est un sujet sur lequel le groupe travaille activement. La valeur du groupe repose sur le numérique utile. L’expertise SIG est une grosse part de l’activité du groupe. Le groupe est engagé sur la thématique du numérique responsable. La moitié des équipes est certifiée NR.
Elle a effectué des rappels sur les impacts multiples du numérique, environnementaux, sociétaux et éthiques. Elle a précisé les impacts environnementaux liés à la fabrication du matériel, son réemploi, recyclage, la consommation énergétiques et l’explosion des usages.
Sophie Blanchet a précisé que dans le cadre de leurs activités de conseil, et d’AMO, orienter vers des choix de solutions sans intégrer le critère de sobriété numérique n’est plus possible.
Finalement, quelles sont les impacts des solutions mises en en œuvre, et qu’est-ce qu’un SIG responsable ?
Sophie Blanchet a répertorié les éléments à retenir pour un SIG responsable.
Elle a rappelé que la notion de contexte est importante. En effet, lorsqu’une solution SIG est déployée, il ne s’agit pas de divertissement, il s’agit de services utiles, dans l’intérêt général et pour faire face aux transitions.
Les projets doivent être conçus dans l’intérêt de l’utilisateur et ses usages (3U : utile, utilisable et utilisé).
Les outils et les fonctionnalités doivent être optimisés et écoconçus.
Les infrastructures doivent être optimisées.
Les volumes de données doivent être maîtrisés, avec des données plus en plus lourdes.
Les volumes de traitement associés aux données doivent être optimisés.
Le suivi et la maintenance des outils doivent être actifs y compris sur les questions de nettoyage.
Enfin le déploiement doit s’appuyer sur un volet humain avec un accompagnement, un support, une animation.
Pour illustrer ces propos, Sophie Blanchet a présenté un cas d’étude avec la mise en place d’une plateforme pour le groupe Keran. Cette plateforme permet d’avoir accès à un catalogue de données et de cartes, à des fonctionnalités simples de cartographie, à de la diffusion sécurisée d’éléments avec des fonctions collaboratives, et de centraliser les données.
La conception a été centrée sur l’utilisateur, avec des briques open source. L’objectif est tout de même de développer des usages plus vertueux.
L’architecture open source avec quelques développements spécifiques révèle des impacts environnementaux à tous les stades. Certains impacts peuvent être évalués d’autres sont inconnus, notamment sur les sources de données.
La question est de savoir comment mettre en balance le coût environnemental net à mettre en place une nouvelle architecture au regard des usages. Les bénéfices attendus sont une accessibilité plus large, la suppression de doublons, la sécurisation, le stockage, la baisse des envois par mail, des impressions.
Pour évaluer ce coût, un atelier a été réalisé avec Digital 4 better, et des bonnes pratiques sont apparues. Au niveau de l’hébergement il s’agit de favoriser plutôt des hébergements cloud, en autoscalling, d’utiliser des données et des services (donnés très utilisées et services de cache), de limiter et mutualiser les traitements (requêtes, tuilages…) suivant l’usage et la fréquence.
L’évaluation est complexe, il s’agit de mettre en place des ordres de grandeur de référence pour valider ou non la faisabilité, se fixer des objectifs.
Pour avancer sur le sujet, il s’agit de faire de l’écoconception avec en amont des données d’évaluation pour aider à la décision sur les systèmes mis en place. Ce qui implique de définir les périmètres de l’analyse (jusqu’où remonter dans l’analyse), avoir des équivalences CO2 et mettre en place des calculatrices projets, ou mettre en parallèle des scenarios de comparaison en fonction du cas d’usage.
Face à ces paramètres il s’agit de poser des hypothèses de volumes. Il existe des sources de données, par exemple Boavizta assez complexe d’utilisation.
Enfin il faut appliquer une logique d’optimisation. Il s’agit de suivre le projet, les usages et la consommation, dans le temps sous monitoring, pour ajuster les évaluations et les paramètres.
Or le sujet SIG n’est pas identifié comme un sujet prioritaire dans la stratégie numérique responsable. Pourtant l’impact du SIG ne va pas s’améliorer dans le temps car la donnée géographique est lourde.
Sophie Blanchet a ensuite posé des questions pour aller plus loin dans la démarche.
Il s’agit d’avoir du temps et des moyens, d’accéder à certaines données qui sont manquantes ou complexes.
La réflexion ne doit-elle pas être mutualisée au sein de la communauté ? En effet, c’est toute la filière qui doit s’interroger puisque tous les acteurs sont interconnectés.
Elle a conclu avec le fait que le choix chez Naomis a été fait dans un premier temps de dégager du temps pour partager ces réflexionx et participer à des recherches avec la communauté et la mise en place d’un stage en interne pour réfléchir à l’évaluation environnementale d’un système d’information géographique.
(Télécharger la présentation de Sophie, Blanchet, Naomis)
En conclusion, Martin Blazek, appuyé par les intervenants est revenu sur la pertinence d’un groupe de travail sur les géodatas responsables en collaboration avec l’INR afin de s’appuyer sur la méthodologie déjà existante.
Après avoir remercié les intervenants pour leurs présentations et les participants Martin Blazek a mis fin à l’évènement.
Il a rappelé le dernier rendez-vous de l’année du webinaire Vendredi en veux-tu en data et a donné rendez-vous aux partenaires PIGMA début 2025 en février pour le prochain webinaire café-atelier PIGMA dont le calendrier est en préparation.
(Replay du webinaire disponible sur inscription à pigma@gipatgeri.fr)