Café-atelier PIGMA : Partageons données et usages pour mieux gérer les crises demain
Animation, Risques
17/09/2018
PIGMA poursuit son cycle de rencontres de sa communauté avec pour objectif les usages des données et outils à disposition sur la plateforme. Le dernier rendez-vous a pris date le jeudi 11 octobre autour des enjeux liés au partage des données et ses usages au service de la gestion de crises. Plus de 60 participants s’étaient mobilisés pour l’occasion.
Tous les territoires sont exposés à des risques : naturels, technologiques, transports collectifs (les risques majeurs), vie quotidienne et liés aux conflits.
Les données sur les risques, leurs usages et les retours d’expérience constituent un enjeu majeur de l’action publique à l’ère du numérique. La mise à disposition, le partage et la centralisation de ces informations entre les différents acteurs et le grand public sont primordiaux.
Il s’agit désormais de « Partager la donnée et ses usages aujourd’hui pour mieux gérer les crises de demain».
Problématique phare au sein de PIGMA, un atelier sur la thématique des risques a eu lieu le jeudi 11 octobre dans la salle Guyenne Gascogne de la Maison de la Forêt et de l’Agriculture à Bordeaux.
60 partenaires PIGMA s’étaient donnés rendez-vous pour l’occasion afin d’échanger autour de leurs problématiques et expériences communes sur la gestion de crises.
En introduction Pierre Macé, du GIP ATGeRi, après avoir remercié l’ensemble des participants et salué la mobilisation de la communauté des partenaires PIGMA, a posé la problématique de la gestion de crises.
Il est revenu sur l’expérience du GIP ATGeRi en matière de gestion de crises, pour ses membres, et les partenariats noués avec les SDIS d’Aquitaine notamment, dont il a salué la mobilisation pour l’évènement.
Il a souligné le fait qu’il était indispensable de capitaliser les informations et les expériences dans les métiers de la prévention et de la gestion opérationnelle des risques pour mieux anticiper et s’améliorer dans la gestion future.
Les témoignages des Capitaine Rémi Lassoureille, du SDIS 33 et Colonel François Colomes, du SDIS 24, ont replacé les données au cœur des enjeux dans les métiers de la prévention et de la gestion opérationnelle des risques. En redéfinissant leurs coeurs de métiers, ils ont démontré que le point de départ de leurs interventions était de se baser sur des informations fiables. Leur témoignage a permis de retracer la chaine opérationnelle de secours souvent méconnue du public et de pointer concrètement la nécessité de la fiabilité des données en gestion de crises ou de secours à la personne. Ils ont ainsi témoigné de l’amélioration de leurs données grâce à la collaboration avec le GIP ATGeRi et l’ensemble de la sphère publique et parapublique par le biais de la plateforme d’échange de données PIGMA. (présentation Capitaine Rémi Lassoureille, présentation Colonel François Colomes)
Puis Benoît Bodennec, de la DFCI 40 a témoigné des enseignements de la gestion de la tempête Klaus en 2009. Il a décortiqué les process mis en place pour avoir une première estimation des dégâts forestiers et une carte d’impact sur le massif seulement 14 jours après la tempête. Il est revenu sur la chaine de collaboration qui s’est établie entre l’échelon local département et régional. Il a souligné l’importance de s’appuyer sur une structure neutre comme le GIP ATGeRi dans ce cas pour éviter toute prise de leadership, et faire que les ressources et les moyens avancent ensemble vers le même objectif. Il a commenté l’ensemble des productions qui ont permis de suivre en temps et en heure le nettoyage des pistes forestières. C’est ce travail colossal, fruit de la collaboration entre les différents niveaux et différents services, qui a servi de base au reboisement ensuite. (présentation Benoit Bodennec)
Sur la thématique du risque sanitaire, François Hervieu de la DRAAF Nouvelle-Aquitaine SRAL a partagé avec l’ensemble des participants l’expérience de la gestion de la grippe aviaire en Nouvelle-Aquitaine. Il a balayé l’ensemble des thématiques gérées par ses services et la difficulté de se référer à des données fiables vu l’ampleur de l’activité agricole et du territoire. Il est revenu sur la difficulté de changer les process au sein des services, qui fonctionnent encore beaucoup en silots, notamment en termes de partage de données. Il a salué la collaboration avec le GIP ATGeRi qui grâce à l’application CARTOGIP, véritable innovation technique, a permis le suivi des foyers d’infection. Il a insisté sur la nécessité de maintenir le niveau de collaboration mis en place pendant la gestion de cette crise mais également d’apprendre et de mutualiser avec d’autres expériences notamment celle des SDIS. (présentation François Hervieu)
Sur la thématique du risque inondation, Anthony Le Rousic de la DREAL Nouvelle-Aquitaine SPC GAD a présenté les cartes de Zones Inondées Potentielles (ZIP). Il a détaillé la constitution et les modus operandi de VIGICRUES, service d’information sur le risque de crues des principaux cours d’eau en France avec un focus Nouvelle-Aquitaine. Destiné à informer le public et les acteurs de la gestion de crise sur le risque de crues, le site VIGICRUES propose une carte de vigilance actualisée deux fois par jour et des bulletins d’information disponibles en permanence. La carte de vigilance crues permet de visualiser l’intégralité des cours d’eau intégrés dans le dispositif de vigilance crues sous la forme de tronçons dont la couleur (vert, jaune, orange ou rouge) révèle le niveau de vigilance nécessaire pour faire face aux dangers liés aux inondations susceptibles de se produire dans les 24 heures à venir. Les bulletins d’information précisent la chronologie et l’évolution des crues, en qualifient l’intensité et fournissent (lorsque c’est possible) des prévisions chiffrées pour les stations de référence. Ils contiennent également une indication des conséquences possibles, ainsi que des conseils de comportement définis par les pouvoirs publics.
Son témoignage a démontré que la capitalisation des données inondation permet une meilleure anticipation et efficacité. (présentation Anthony Le Rousic)
Sur cette même thématique, Frédérique Chemin, de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, est revenue sur la préparation à la gestion de crise liée aux risques naturels en établissements sanitaires et médico-sociaux. Elle a détaillé la complexité de gestion des établissements sanitaires et médico-sociaux notamment concernant l’évacuation des personnes suivant leur degré de validité. Elle a souligné la complexité de gérer une crise en s’appuyant sur des informations peu fiables. Elle a salué la collaboration avec le GIP ATGeRi pour la mise en place d’outils de visualisation du risque inondation en perspective avec les données des établissements sanitaires et médico-sociaux. Elle a souligné la nécessité de s’appuyer sur des experts de la cartographie en gestion de crise. Elle a témoigné de l’énorme travail accompli en collaboration avec le GIP ATGeRi sur la collecte, la fiabilisation et la visualisation de leurs données et la continuité de cette collaboration. (présentation Frédérique Chemin)
Puis Valérie Pallut du Conseil Départemental de la Gironde a présenté l’expérience de la mise en place du plan de continuité de l’activité (PCA), issu de la mise en place d’une stratégie du Conseil Départemental de la Gironde face aux risques naturels et technologiques. Elle a souligné que la continuité de l’activité est un enjeu stratégique pour un établissement comme le Département de la Gironde. Quel que soit l’événement rencontré, il faut qu’il soit en mesure de maintenir sa capacité opérationnelle. En plus d’assurer une réponse opérationnelle cohérente sur son secteur de compétence, il doit préserver ses informations et ses données qui lui garantissent un socle de base pour la gestion des opérations. Enfin, il doit penser que l’atteinte à son image serait importante s’il n’est pas en mesure de répondre efficacement aux attentes des autorités mais surtout aux besoins de la population. C’est pourquoi une équipe projet, ressources internes et transverses, s’est constitué pour formaliser le plan de continuité d’activité (PCA). Il permet de faire face à une crise majeure en y associant un fonctionnement avec des modes adaptés. Il se base sur des fonctionnements et process existant notamment en terme de communication. Il a permis de recréer du lien entre les agents et une motivation pour mettre en place aujourd’hui une équipe de 17 personnes volontaires. (présentation Valérie Pallut)
Puis Michel Lesbats, du S3PI Presqu’île d’Ambès a présenté le rôle de son association en tant que secrétariat permanent pour la prévention des pollutions et des risques industriels sur le territoire en référence. Il a expliqué qu’il permettait de communiquer des informations scientifiques techniques et économiques transparentes et vérifiables à disposition des parties prenantes pour mieux comprendre et agir sur le territoire de la Presqu’île (études, prévention, protection, information du grand public).
Il a détaillé qu’il réunissait ; les entreprises industrielles de la Presqu’île d’Ambès, les collectivités du territoire, les associations de riverains ou de protection de l’environnement, les services de l’État et des collectivités (DREAL Aquitaine, SDIS33, ARS… AIRAQ).
Il a souligné que le S3PI contribue à la réflexion commune afin d’aider au développement durable des territoires et des acteurs qui les constituent. L’objectif est d’aider à la mise en place d’une culture industrielle partagée en toute confiance par tous (professionnels, politiques et grand public). (présentation Michel Lesbats)
Enfin le Colonel Olivier Lhote du SDIS 40 a évoqué les crises majeures et le rôle des réseaux sociaux nouvelles sources d’informations qui font désormais partie de nos modes de communication. Il a ainsi témoigné de la nécessité de s’appuyer sur les médias sociaux en gestion d’urgence, source d’informations quasi instantanée et disponible sur les lieux de crises de par le nomadisme des moyens d’informations (les mobiles). Il a balayé les outils qui permettent de gérer les informations circulant sur les réseaux sociaux en temps de crises (ex : SAIP, Qwidam, Visov…). Il a effectué un focus sur le process de fonctionnement de Visov, notamment sur la nécessité de vérification de l’information. Une fois vérifiée (envoi de sms à l’émetteur de la donnée) la diffusion de l’information permet d’enrichir la base de données des SDIS par des photos et vidéos. L’information ainsi récoltée renforce l’intervention et permet d’avoir des données sur la situation avant d’être sur les lieux de la crise. Il a souligné la nécessité de s’appuyer sur ces modes de communication qui font désormais partie de notre quotidien et qui permettent s’ils sont bien encadrés de gagner du temps et d’anticiper durant les interventions. (présentation Colonel Olivier Lhote)
En conclusion de la matinée d’échange, Pierre Macé a présenté l’ORRNA, Observatoire Régional des Risques en Nouvelle-Aquitaine véritable centre de ressources régional en matière de risques. Il a expliqué que les aspects règlementaires, les évènements, des indicateurs risques sur les politiques publiques étaient en accès libre sur www.observatoire-riques-nouvelle-aquitaine.fr .
Il a donné la parole à Patrice Dubois de la DREAL Nouvelle-Aquitaine qui collabore avec ses équipes et le GIP ATGeRi au développement de cet observatoire. Ce dernier a souligné la qualité et la quantité de rédactionnel et d’informations présents et consultables sur le site. Il a invité tous les participants à consulter ce site dès qu’ils recherchaient de la donnée concernant les risques en Nouvelle-Aquitaine. (Présentation ORRNA)
Après avoir remercié l’ensemble des participants pour la qualité des présentations et les interactions qu’elles ont suscitées, Pierre Macé a rappelé que la séance avait été retransmise en direct sur twitter et disponible en replay (@PlateformePIGMA).