Témoignage partenaire – Disposer de la même donnée de référence au même moment est primordial en gestion de crise
Animation, Partenaires, Risques
15/01/2016
Pascal Riffaud, Chef du Bureau Information Géographique et Cartographie du SDIS de la Dordogne revient sur la nécessité de partager les données risques pour pouvoir en disposer en cas de gestion de crise. Entretien.
PIGMA : Pouvez-vous nous préciser quels sont les risques naturels auxquels est soumis le département de la Dordogne ?
Pascal Riffaud : Le Service Départemental d’Icendie et de Secours de la Dordogne (SDIS 24) a accueilli en 2014/2015 au sein du GSCGR (Groupement Sécurité Civil et Gestion des Risques) Murielle Chapelin, stagiaire en Master de Gestion des Risques sur les Territoires, dont l’objectif était, entre autres, d’identifier les risques naturels du département.
Cette étude a permis de traiter deux grands axes :
- la réalisation d’un diagnostic des risques auxquels est soumis le département de la Dordogne : risques naturels, technologiques… Le risque inondation étant un des risques majeurs.
- la mise en place d’une coopération en matière de gestion des risques entre le SDIS et le Conseil Départemental de la Dordogne.
En effet, bien que le Conseil Départemental ne soit pas doté de responsabilités règlementaires en matière de gestion des risques, c’est une collectivité de référence sur le territoire (plus de 2000 agents, un patrimoine important, la gestion des aides de sociales, un réseau routier important…). Le SDIS est sous « tutelle » financière et politique du Conseil Départemental.
L’objectif de cette coopération étant que le SDIS travaille de façon plus étroite avec le Conseil Départemantal sur la culture du risque et de la gestion de crise sur ses sites (ERP, collèges et bâtiments à haute valeur patrimoniale). Cela sous entend une meilleure connaissance des sites du Conseil Départemental pour le SDIS avec la mise en place d’actions de prévention notamment autour de la démarche d’IPCS : l’Information Préventive aux Comportement qui Sauvent.
Les objectifs de l’IPCS étant de :
- développer une « culture du risque » chez les individus par une connaissance et une identification des risques existant dans leur milieu,
- préparer les personnes en leur donnant des « outils » pour évaluer les risques et se prémunir en cas d’occurrence d’un événement.
Lien carte de la Dordogne sur les risques : nombre de risques identifiés par commune, source SDIS 24.
PIGMA : Quelles sont les données cartographiques utilisées par le SDIS 24 pour traiter du risque inondation (risque majeur sur le département)? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour les récupérer ?
Pascal Riffaud : Pour la gestion de crise sur la thèmatique inondation, le SDIS de la Dordogne dispose de deux données de référence :
- les zones de submersion pour les crues des principaux cours d’eau,
- et les zones d’effets de rupture de barrage.
Ces données ont été récupérées auprès de la Direction Départementale des Territoires du département, DDT24. Les données de submersion sont issues de l’étude réalisée en amont de l’élaboration des PPRI.
Depuis 2015, sur certaines zones (Bergerac, Périgueux, Terrasson) nous disposons également des cartes des TRI (Territoires à risque important d’Inondation). Pour le Ministère de l’Environnement de l’Energie et de la Mer « ces territoires font l’objet d’un diagnostic approfondi du risque. Une cartographie des risques est ainsi réalisée sur chaque TRI et arrêtée par le préfet coordonnateur de bassin. Cette cartographie constitue une étape majeure dans la connaissance des spécificités du territoire, des aléas auxquels il peut être soumis et dans la localisation des enjeux en rapport avec ces événements ».
Cette information peut servir au SDIS 24 pour faire un travail de prévision et d’anticipation en cas d’activation du CODIS pour une crise inondation. Les couches de données peuvent être affichées directement dans la cartographie du système d’alerte.
C’est pour cela qu’il est primordial pour l’ensemble des acteurs de la gestion de crise (de la commune aux services de l’Etat) de pouvoir disposer de la même donnée de référence au même moment.
PIGMA : Quelles sont les limites d’utilisation de ces données dans un contexte opérationnel ?
Pascal Riffaud : Je vais vous donner un exemple. Le SDIS 24 a participé à un exercice inondation de la Vézère sur les communes de Montignac et de Terrasson en novembre 2013. Cet exercice avait pour objectif de tester les PCS (Plan Communal de Sauvegarde) des communes concernées.
Avec le support technique du GIP ATGeRi le SDIS 24 a profité de cet exercice pour déployer et tester la visionneuse interservices de Cartogip, qui contient notamment les données de submersion.
Lors de cette exercice, la commune de Terrasson disposait aussi de plan papier sur les zones inondables (probablement le PPRI). Il est ainsi apparu que les différents acteurs de la gestion de crise ne disposaient pas de la même information.
La question qui se pose alors est celle de la valeur des données et de la connaissance des sources, origine, date, condition et limites d’usage,… et de pouvoir accéder à un catalogue de données disposant de métadonnées…
Quelle que soit la valeur des études et des tracés dont nous disposons, il est nécessaire en phase opérationnelle, de compléter ces données dites de planification (enveloppes de crue théorique, zonages PPRN…) avec des données issues de repérage terrain en « temps réel » .