Les nouveaux défis du datajournalisme
Animation, Données, Rencontres régionales, Toutes
28/06/2023
Grand témoin des Rencontres régionales PIGMA 2023, Rayya Roumanos, Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine, a présenté l’état de l’art du datajournalisme, les enjeux face à des données exponentielles, ainsi que des exemples concrets.
Organisées au sein de l’IJBA (Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine), les Rencontres régionales PIGMA 2023 se devaient de présenter le datajournalisme qui était donc au programme.
Rayya Roumanos, Maîtresse de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne et directrice des études de l’IJBA (Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine), mène depuis plusieurs années des travaux de recherche sur les nouvelles formes d’investigation, dont le datajournalisme. Elle est intervenue en tant que grand témoin, experte de la thématique.
En préambule, elle a rappelé que le travail d’un datajournaliste passe par plusieurs étapes. Il s’agit tout d’abord de choisir un sujet, puis de collecter les données utiles et accessibles, de les analyser et de projeter l’information visuelle.
Le datajournaliste, un producteur de données méconnu
Elle a noté que les journalistes sont des producteurs de données peu connus. En effet, si les données n’existent pas, le datajournaliste doit lui-même les composer.
Le datajournaliste dépend du média pour lequel il travaille, il n’y a pas de limitation de sujet (environnement, politique, sport …) et d’échelle tant qu’il dispose d’un gros volume de données.
Pour cela, elle a cité plusieurs exemples.
L’enquête menée par le journal du Sud-Ouest autour des incidents dans le football amateur est pertinente. Elle a permis une visualisation pour repérer les lieux d’incidents, les personnes impliquées…
Les statistiques sont récupérées notamment d’un observatoire des comportements.
Il y a également certains sujets beaucoup plus confidentiels et qui intéressent moins le public, comme l’enquête sur les liens d’intérêt entre les laboratoires pharmaceutiques et et les CHU, qui a fait beaucoup de bruit car parle de transparence dans le domaine de la santé. Elle a également cité l’enquête sur les inégalités d’accès à la formation en milieu pénitentiaire en région Nouvelle-Aquitaine (observatoire international des prisons…).
Rayya Roumanos a souligné que le travail journalistique ne repose pas que sur les données mais se complète avec un travail classique (informations de terrain, entretiens avec des experts, etc.) afin d’éviter la « fétichisation » de la donnée et sa surinterprétation.
En conclusion elle a rappelé les défis de la profession face au datajournalisme.
Des défis internes, il s’agit de donner du sens à la donnée : cela nécessite de disposer de compétences techniques, de déterminer le bon angle d’analyse de la donnée, de s’associer à des personnes compétentes mais cela a un coût, et de transformer la donnée en information journalistique
Des défis externes où intervient l’audience car il s’agit de trouver des projets attrayants et accessibles. Il s’agit également de tenir compte du retour sur investissement : temps, humain, matériel et financier. Enfin il faut prendre en compte le travail sur les données (accessibilité, qualité, fiabilité) : repérer les zones de défaut pour cibler les enquêtes terrains, compléter/ associer les données mal documentées (problème récurrent) à d’autres productions.
Le datajournalisme doit répondre à cet enjeu informatif : rendu sous forme d’enquêtes, de visualisation, d’encadrés…
Rayya Roumanos est docteure en sciences de l’information et de la communication. Maîtresse de conférences à l’université Bordeaux Montaigne, elle occupe le poste de directrice des études de l’IJBA (Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine). Ses travaux de recherche portent sur les évolutions du journalisme et les nouvelles formes d’investigation, dont le datajournalisme et l’OSINT (Open-Source Intelligence, renseignement de source ouverte).