Les partenaires PIGMA réunis en webinaire sur les enjeux du jumeau numérique du territoire

Animation, Café-atelier, Données, Toutes

23/02/2023

WEBINAIRE PIGMA JUMEAU NUMERIQUE ACCUEIL

Le dernier webinaire de la communauté PIGMA qui échange de la donnée en Nouvelle-Aquitaine avait lieu jeudi 23 février. Une centaine de participants a pu ainsi mutualiser des expériences sur les enjeux liés au jumeau numérique du territoire.

En ouverture de webinaire, Camille Coste, Topos/Digital Aquitaine, a présenté l’association régionale pour le développement durable de l’activité numérique en Nouvelle-Aquitaine, partenaire technique de l’évènement, et a rappelé les bonnes pratiques pour le bon déroulement de la matinée.

En introduction, Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi/PIGMA, a remercié l’ensemble des intervenants et les 130 inscrits au webinaire -dont plus de 100 étaient connectés- de mieux en mieux répartis et représentés sur le territoire régional. Elle a également remercié Topos/Digital Aquitaine pour leur partenariat.

Anne Sagot-Duvauroux a précisé que le webinaire était le premier de l’année organisé par la plateforme PIGMA, plateforme d’échange de données en Nouvelle-Aquitaine.

PIGMA est un réseau de près de 1000 partenaires qui partagent plus de 8000 données, et ce depuis 10 ans sur le territoire régional. PIGMA oeuvre pour un partenariat durable autour de la gouvernance, l’accès, l’acquisition, et l’entretien de la donnée. La plateforme PIGMA est gérée par le Groupement d’Intérêt Public Aménagement du Territoire et Gestion des Risques.

Elle a rappelé que l’objectif de ces matinées était bien de mutualiser les expériences pour apprendre les uns des autres.

Anne Sagot-Duvauroux a redonné le contexte de ce webinaire.

Le Jumeau numérique est une thématique tendance qui occupe l’actualité : il semblait donc important de décoder ses enjeux.

Au-delà d’une plateforme de données, le jumeau numérique est une représentation virtuelle d’un territoire qui se distingue par des caractéristiques qui lui sont propres :

  • C’est une plateforme de collaboration (ou environnement commun de données),
  • Il s’appuie le plus souvent sur un socle de données 3D,
  • Il offre une vision dynamique du territoire qu’il représente intégrant les outils métiers : outils de maintenance, travaux prospectifs et mesures d’évolutions…

Au niveau des villes, le jumeau numérique du territoire est actuellement utilisé dans deux domaines : l’urbanisme, et la maintenance des infrastructures et des équipements urbains. Mais il semble proposer des solutions pleines de promesses face aux défis de l’aménagement du territoire auxquels sont confrontées les collectivités territoriales.

L’objectif de cette matinée est de montrer au travers de cas d’usages la valeur ajoutée et les éventuelles limites de l’outil (rapport coût/bénéfices, niveau d’ingénierie interne, …)  et son intérêt pour les acteurs d’un territoire.

Anne Sagot-Duvauroux a ensuite invité Gilles Gesquière, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2, LIRIS, CNRS à présenter l’Etat de l’art du jumeau numérique, son application à un territoire.

 

Etat de l’art du jumeau numérique, son application à un territoire

WEBINAIRE PIGMA JUMEAU NUMERIQUE GILLES GESQUIERE
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi; Gilles Gesquière, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2, LIRIS, CNRS.

En préambule, Gilles Gesquière est revenu sur sa bio : professeur à l’Université Lumière Lyon 2,  il est également chercheur dans un laboratoire informatique, le LIRIS, spécialisé dans les sciences de données urbaines. Son tropisme est d’intégrer dans la recherche la standardisation des données de façon a générer plus de réplicabilité. Il travaille sur un Programme d’Equipement Prioritaire de Recherche (PEPR) « Solutions pour la ville durable et innovations territoriales » dans un cadre où le jumeau numérique est important. Il gère également un cluster de laboratoires le LabEx IMU (Laboratoire Excellence Intelligence des Mondes Urbains).

Un introduction, Gilles Gesquière a rappelé qu’aujourd’hui la gestion des territoires était complexe. En effet, cette gestion va bien au-delà de juste savoir où implanter un nouveau bâtiment, comment gérer un nouveau quartier, au delà :

  • du « city information model »,
  • de la construction du bâtiment « building information model ».

La gestion est beaucoup plus globale avec des problématiques de transitions, sociétales, écologiques, climatiques et environnementales. Et dans ce cadre, il faut avoir la possibilité de s’appuyer sur un grand nombre d’applications, souvent orientées métiers, et sur des données dont certaines sont déjà existantes et d’autres vont devoir être produites. Ensuite, il va falloir réfléchir et prévoir à partir de modèles et en situation par de la simulation. Cette gestion va s’imposer de façon holistique c’est-à-dire avec des interventions multidisciplinaires et transversales pour éviter les effets silos.

Pour répondre à ces attentes, il est possible de s’appuyer sur des doubles numériques et tangibles. Le double numérique n’est pas récent. Il était déjà utilisé dans la mission Apollo 13 (1970) avec l’objectif de faire fonctionner un système sans être à proximité de celui-ci (exemple du traitement du carbone dans le LEM) et construire des équipements dans un environnement virtuel. Ce n’est que lorsque le produit est conforme aux exigences qu’il est fabriqué physiquement. Cette problématique valable pour la NASA était également la même lors de la construction de l’A380.

Pour le groupe de travail sur le jumeau numérique de l’AFNOR, le jumeau numérique est « la réplique d’un objet, d’un système ou d’un processus sous une forme numérique. La technologie se sert des flux de données pour adapter la représentation en fonction de scénarios d’anticipation ou pour suivre une évolution en temps réel afin d’améliorer la collaboration, l’accès à l’information et la prise de décision. »L’utilisation des jumeaux numériques est caractéristique des process de fabrication, de l’industrie (exemple avec EDF sur les centrales nucléaires avec une gestion comme des mini-villes).

Dans le cadre des jumeaux numériques il est important de faciliter l’accès aux données par le biais d’open data. Il est également important de privilégier les standards de données afin de mieux gérer leur échange (standards de normalisation ou de consortium).

Avec les données, il faut pouvoir proposer un environnement de référence unique. Par exemple avec des données 3D d’une ville, il existe des données de la ville, des données vectorielles, voir des nuages de points, des données liées à la construction des bâtiments (building information modèle), des données de maintenance gérées et assistées par ordinateur, toute la document liée à cette ville, des données en open data moissonnables et des images qui vont permettre de contextualiser les éléments de la ville (prises de vue d’un chantier par exemple). Toutes ces données doivent pouvoir être échangées, être mises à disposition dans un référentiel utilisable par tous. Les données peuvent être publiques mais également privées.

Puis vient se rajouter une couche de visualisation avec différents niveaux de détails, différentes résolutions, différents styles mais également d’autres types de données. Il s’agit des données graphes ou des données comme par exemple un pourcentage d’occupation du sol.

Il est également possible de rajouter une couche de traitement de données qui permet de mettre en place des API, des connecteurs standardisés. Cela oblige donc à réfléchir à l’interopérabilité, à monter en qualité, au croisement de données, à créer des notices techniques et des métadonnées, à réfléchir au stockage des données dérivées, à versionner les données pour rendre compatible leur moissonnage.

Il est important également de tenir compte du fait que le territoire évolue sur des temps longs afin de pouvoir simuler des projets qui verront ou pas le jour, et des temps courts avec la capacité de capter l’instant présent (exemple avec les capteurs de la pollution de l’air).

Toutes ces données permettent de simuler. Le double numérique est ainsi un socle de simulation qui va s’appuyer sur des algorithmes d’intelligence artificielle. Il peut ainsi permettre par exemple d’analyser la propagation d’un nuage issu d’un accident industriel ou remonter à l’inverse à la cause, travailler sur les ombres portées, sur de la maintenance prédictive, ou la simulation de traffic. Les différentes options permettent de scénariser sans altérer le fonctionnement réel de la ville.

Enfin, le jumeau numérique doit permettre de favoriser l’interconnexion grâce à des espaces de discussion, de co-création, des centres d’hypervision pour prendre des décisions (par exemple pour les données liées au trafic), des éléments d’immersion (par exemple dans un igloo avec une vue 360° comme le font les SDIS).

Pour favoriser l’interconnexion le jumeau numérique peut prendre sa place avec des éléments plus tangibles. Comme par exemple la maquette d’une ville construite en Légo grâce au jumeau numérique et qui permet de faire de la médiation entre services pour réfléchir ensemble sur une problématique donnée.

Afin de construire le jumeau numérique il est nécessaire de se poser un certain nombre de questions. Faut-il partir sur des solutions clés en main ou open source ? Comment traiter la problématique d’interopérabilité ? La solution doit-elle être monolithique ou une agrégation de composants ? Faut-il partir d’une solution très complète, avec de nombreux cas d’usages très développés ou l’inverse ? Faut-il réfléchir sur des coûts perpétuels (licence ou jeton) ou des coûts de démarrage et de maintenance ? Faut-il mettre en place une démarche collective ou plutôt individuelle ? Question que se posent des collectivités…Comment passer de l’expérimentation à la mise en opération ? S’agit-il de souveraineté nationale ou européenne pour les données et les composants qui vont être utilisés ?

En synthèse, Gilles Gesquière a rappelé la capacité du jumeau numérique de passer du territoire aux bâtiments, des bâtiments au territoire en travaillant sur du multi-sources de données, multi-acteurs, multi-métiers, dans plusieurs dimensions, et plusieurs échelles, d’une approche globale à une approche locale.

Le jumeau numérique permet ainsi de visualiser, prévoir et optimiser. Il permet de passer de la donnée à une connaissance partagée en disposant d’outils dédiés. Il permet de comprendre avant de faire (do and think and do) en tenant compte des enjeux précédemment cités auxquels il faut rajouter les enjeux éthiques, juridiques, économiques, technologiques, de gouvernance et de cybersécurité.

Après un échange avec les participants Anne Sagot-Duvauroux a remercié Gilles Gesquière et a invité Matthieu Le-Masson, IGN, à présenter le jumeau numérique France entière.

(Télécharger la présentation de Gilles Gesquière, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2, LIRIS, CNRS).

 

Le jumeau numérique France entière

WEBINAIRE PIGMA JUMEAU-NUMERIQUE MATTHIEU LE MASSON
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi; Matthieu Le-Masson, IGN.

En introduction Matthieu Le Masson a rappelé le contexte de besoin de compréhension renforcé du territoire. L’IGN a fait évoluer ses activités ces dernières années vers une observation du territoire en continu avec des bases de connaissances détaillées, actualisées et thématisées du sol/sursol afin de pouvoir suivre l’étalement urbain, la biodiversité, les ressources forestières, et les pratiques agricoles entre autres. A ce titre, l’IGN mobilise des technologies d’Intelligence Artificielle pour entretenir ces bases de données à partir de sources multiples en particulier le programme LiDAR HD.

Anticiper l’efficacité de la prise de décision dans les politiques publiques nécessite de se projeter. La réplique numérique du territoire est une réponse à cette anticipation. Elle permet en effet de simuler les effets des mesures qui pourraient être prises. Elle permet également de bâtir de véritables postes de pilotage des politiques publiques en se plaçant dans un contexte de planification écologique.

Le terme de jumeau numérique est très utilisé et des initiatives existent déjà. Elles sont en général circonscrites à un domaine thématique (RTE, ENEDIS, GRDF) pour la gestion des réseaux, ou à des collectivités.

Le besoin d’une vision plus large est nécessaire aussi bien géographiquement que thématiquement afin d’appréhender des dynamiques globables, dépasser le périmètre des métropoles, analyser les phénomènes de façon décloisonnée pour prendre en compte un ensemble de problématiques.

Il est ainsi important de proposer des outils qui permettent des interactions entre le double -le jumeau numérique- et la réalité pour tester des hypothèses, imaginer des changements et les conséquences des changements et gérer des boucles de rétroaction. L’objectif est bien de permettre à des experts métiers de comprendre, d’analyser, de prédire les conséquences de telle ou telle décision pour mieux anticiper la prise de décision.

Il est également important de pouvoir analyser les effets de décisions combinées d’un large spectre de phénomènes.

L’ambition de l’IGN à échéance 2027 est de produire et déployer un jumeau numérique France entière au service de l’Etat et des collectivités pour planifier la transition écologique tout en y connectant d’autres cas d’usages (sécurité, tourisme).

Le jumeau numérique France entière a deux composantes :

  • c’est une réplique virtuelle dynamique en 3D, multi représentation, multi résolution, multi temporelle et multi thématique de l’ensemble du territoire national,
  • avec une problématique de services, d’interaction avec la réplique à des fins logiques de visualisation, de navigation, et de simulation.

La simulabilité du jumeau numérique est extrêmement importante.

Les données pour initier la réplique virtuelle ne sont pas issues d’un nouveau programme d’acquisition dédié. En s’appuyant sur les données telles que le LiDAR HD, la BD Ortho et le PCRS, le socle du jumeau numérique est déjà pertinent. Ce socle peut être enrichi avec des données telles que la BD Topo, le RPG ou des données INSEE.

En ce qui concerne les usages du jumeau numérique, Matthieu Le Masson a rappelé la nécessité de décloisonner, regrouper, et partager des outils de description/fonctionnement du territoire. Il est en effet important de montrer le territoire en fonctionnement en combinant une description statique avec la stricte maquette 3D avec des données issus de capteurs en temps réel (trafic routier, piétons, polluants). Il est également important de pouvoir comparer les territoires entre eux.

Matthieu le Masson a ensuite donné des exemples d’utilisation du jumeau numérique France entière comme le déploiement d’éoliennes, la gestion des risques naturels notamment les inondations, la gestion des réseaux enterrés.

Le souhait de l’IGN est de partir de cas d’usage et de leur porteurs pour ne pas être déconnecté des utilisateurs : des cas d’usages de gestion ou de projection. Le souhait de l’IGN est également d’articuler le jumeau numérique national avec les initiatives locales en s’appuyant sur des technologies existantes. Il s’agit de s’appuyer sur un outil ouvert, extrêmement transparent mais aussi fermé que nécessaire. L’objectif une fois le curseur d’ouverture défini est que chacun puisse s’en saisir et construire dessus.

Matthieu Le Masson a rappelé la volonté de dialoguer et rassurer sur la thématique du jumeau numérique France entière (surveillance, appropriation des données…).

Pour concevoir le jumeau numérique France entière, l’IGN s’appuie sur un noyau dur de partenaires. Le projet est très largement porté par l’IGN, le Cerema pour la partie opérationnelle, composante proximité avec les collectivités et l’expertise métiers, et l’INRIA pour la partie recherche. L’objectif est également de s’appuyer sur des industriels pour la partie briques technologiques pour faire tourner le jumeau numérique.

La démarche est extrêmement pragmatique et incrémentale en s’appuyant sur un système de partenariats.

Les défis techniques à relever au niveau de la recherche de la réplique 3D sont travaillés avec l’INRIA :

  • Spécification,
  • Production,
  • Mise à jour,
  • Gestion de la maquette nationale et des maquettes locales existantes,
  • Plateforme en ligne -visu, interaction, augmentation- pour aller vers de la simulation.

D’autres défis dépassent le cadre de la recherche notamment la gouvernance, pour garantir la confiance et la pérennité du jumeau, l’empreinte environnementale, et la démocratisation de son usage.

Matthieu Le Masson a détaillé le phasage du jumeau numérique France entière :

Phase 1 : L’idée est d’avoir accès rapidement (1 à 5 ans) à un MVP (Produit Minimum Viable) en se basant sur :

  • le traitement des données existantes,
  • des éléments de simulation,
  • des cas d’usage opérationnels,
  • une infrastructure idoine
  • et de la R&D.

Tout en s’autorisant des raffinements sur des zones expérimentales.

Phase 2 : Etendre ces raffinements à l’ensemble du jumeau.

En conclusion Matthieu Le Masson a insisté sur les valeurs de co-construction du projet de jumeau numérique France entière et son articulation avec les initiatives locales.

Après un échange avec les participants Anne Sagot-Duvauroux a remercié Matthieu Le Masson et a invité Jean-Pierre Sabatier, Bordeaux Métropole, à présenter les usages du jumeau numérique à l’échelle d’une métropole.

(Télécharger la présentation de Matthieu Le-Masson, IGN)

 

Usages du jumeau numérique à l’échelle d’une métropole

WEBINAIRE PIGMA JUMEAU NUMERIQUE JEAN PIERRE SABATIER
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi; Jean-Pierre Sabatier, Bordeaux Métropole.

En introduction, Jean-Pierre Sabatier a précisé que sa présentation s’articulait en deux temps :

  • la réponse à ce que Bordeaux Métropole pensait être au jumeau numérique (modélisation 3D du territoire depuis une dizaine d’années),
  • la mise en oeuvre du projet de jumeau numérique de la Métropole.

Depuis plus de dix ans Bordeaux Métropole s’appuie sur une maquette 3D du territoire de la métropole : l’«Agglo3D». Il s’agit d’une maquette numérique du territoire en appui à de nombreux usages, appuyé sur un modèle numérique de terrain, une orthophotographie et des Bâtis 3D. Cette maquette 3D permet de naviguer sur le territoire à différentes échelles. Elle est classiquement produite dans la prolongation des campagnes aériennes réalisées tous les trois à quatre ans (prises de vue aériennes + LiDAR). Il s’agit d’une maquette haute résolution (pixel 10 cm et sur les façades à 5cm parfois).

Cette maquette est utilisée dans sa version texturée et maquette blanche. Elle a pour usages la conception et la présentation de projets d’aménagement.  Elle sert également à des analyses, des calculs, des simulations pour des cas d’usages tels que la propagation du bruit, du cadastre solaire et du risque inondation. Cette vocation de communication a permis de mettre en place toute l’expertise qui a conduit vers le jumeau numérique du territoire. C’est aussi un véritable outil de promotion du territoire qui permet de valoriser les projets d’aménagement au travers d’expositions (salons professionnels) ou publications ou vidéos (extraites de la maquette).

Le concept de jumeau numérique de territoire est désormais très présent dans les médias, il a le « vent en poupe ». Il a suscité un intérêt et des attentes de certains services et des sollicitations fortes des éditeurs de logiciels notamment pour des démonstrations. Le jumeau numérique représente un enjeu fort au niveau des donnés et de l’innovation. C’est également un terreau propice pour un travail en transversalité entre les services.

Jean-Pierre Sabatier a ensuite défini l’approche de la démarche du jumeau numérique de la Métropole. Il a précisé qu’il est primordial de définir l’objet, la pertinence, le périmètre. Cette approche se doit d’être critique par rapport à l’utilité de l’outil et son coût. Enfin, il est nécessaire de définir les cas d’usages propres à la Métropole afin qu’ils soient au coeur de l’outil.

La démarche a été initiée en 2022 par l’organisation d’un séminaire interne « Jumeau numérique et territoire »en novembre. Courant mars et avril sont organisés en interne des ateliers collaboratifs autour de grands domaines d’usages du jumeau numérique « Ateliers d’usages du jumeau numérique de territoire. » Ont été également prévus des temps d’échanges avec des partenaires externes pour prendre en compte l’environnement dans lequel s’inscrit la mise en oeuvre du jumeau numérique « Les rencontres du jumeau numérique de territoire ». Ces partenaires comprennent aussi bien les acteurs en possession ou en projet de jumeau numérique (Grand Port Maritime de Bordeaux) que ceux interagissant sur le territoire de la métropole comme les bailleurs. Enfin est prévu un temps exclusif  de réflexion interne à la direction numérique afin d’analyser comment le jumeau numérique va pouvoir s’inscrire dans le système déjà existant.

Jean-Pierre Sabatier est revenu sur le séminaire interne « Jumeau numérique un enjeu de territoire » notamment sur les présentations de Chloé Friedlander de la Banque des Territoire sur le concept et Christelle Gibon de Rennes Métropole sur leur démarche, prototypage et le lancement pour un passage à l’échelle de leur jumeau numérique.

Puis il a détaillé les ateliers usages qui vont être lancés autour de grands questionnements (plutôt que des grandes thématiques) afin de faire émerger les besoins, préciser les usages et les prioriser  :

  • Ateliers 1 et 2 : Le jumeau numérique face aux défis de territoire (réchauffement climatique et chaleur urbaine, (hyper)développement urbain et densité souhaitable),
  • Atelier 3 : Le jumeau numérique en appui de la Métropole en Devenir,
  • Atelier 4 : Le jumeau numérique, outil de supervision de la ville ?
  • Atelier 5 : Quels usages de la 3D comme outil de médiations collaboratives réussies ?

Pour chaque atelier une dizaine de participants pluridisciplinaires, des représentants des métiers, sont réunis avec des animateurs.

En conclusion, Jean-Pierre Sabatier a précisé à nouveau l’objectif de la démarche qui est d’obtenir :

  • à échéance de six mois, un document d’orientation et de cadrage d’ensemble d’une démarche de mise en œuvre d’un jumeau numérique pouvant s’intituler : «Jumeau numérique de territoire : vision stratégique et axes de propositions»
  • en suivant, si possible d’ici fin 2023 un prototypage autour des fonctionnalités demandées les plus pertinentes et les plus accessibles.

Après un échange avec les participants Anne Sagot-Duvauroux a remercié  Jean-Pierre Sabatier et a invité Michel Le Van Kiem, Grand Port maritime de Bordeaux à présenter le jumeau numérique du fleuve.

(Télécharger la présentation de Jean-Pierre Sabatier, Bordeaux Métropole)

 

Le jumeau numérique du fleuve

WEBINAIRE PIGMA JUMEAU NUMERIQUE MICHEL LE VAN KIEM
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi; Michel Le Van Kiem, Grand Port Maritime de Bordeaux.

En introduction, Michel Le Van Kiem a rappelé que le métier du Grand Port Maritime de Bordeaux était d’accueillir des navires. Ces navires sont de plus en plus grands alors qu’avec le changement climatique il n’y a jamais eu aussi peu d’eau dans la Garonne. La préoccupation est donc de pérenniser l’activité du port en tenant compte de ce contexte de changement : que se passe-il si le stress hydrique augmente, si les navires continuent à grandir…? Que devient l’attractivité de Bordeaux et la Gironde si le Port n’est plus en capacité de remplir ses missions et de permettre l’implantation d’activités industrielles ?

Ce sont ces questionnements qui ont accéléré les démarches de jumeau numérique qui existaient déjà.

Le Port utilisait depuis des années un modèle morpho dynamique 3D du fleuve (renommé aujourd’hui jumeau numérique) « Gironde XL » qui fonctionnait uniquement en « mode recherche » car très complexe.

L’objectif a donc été d’aller vers un outil très opérationnel permettant de :

  • fédérer les acteurs et experts territoriaux de l’eau autour de la résilience climatique et de l’économie durable,
  • faciliter la surveillance du littoral et du fleuve et les dispositifs d’alerte pour être plus réactifs,
  • partager, développer et améliorer les connaissances scientifiques et physiques du fleuve,
  • anticiper les effets du changement climatique et chercher des solutions d’atténuation,
  • favoriser la réplicabilité pour d’autres cours d’eau dans d’autres environnements.

Les objectifs très pragmatiques du jumeau numérique ont été identifiés :

  • faire de très nombreuses simulations, modélisations,
  • réduire les coûts,
  • arriver à gérer les risques,
  • et réussir à développer de nouveaux services innovants.

Il est apparu que le partenariat d’innovation permettait de faire vite en respectant le code des marchés publics et en étant collaboratifs. Un concours d’innovation a donc été lancé fin 2021 sur la thématique du jumeau numérique du fleuve. Quatre candidats ont été sélectionnés après une première phase de sourcing. Un jury a été créé avec les sept gestionnaires du fleuve :  Le Port de Bordeaux, le SMIDDEST, l’Agence de l’eau, EPIDOR, le SHOM, le SMEAG et les Voies navigables de France.

Les quatre candidats ont été invités à travailler en mode Hackathon en février 2022 autour des fonctionnalités à mettre en oeuvre dans un jumeau numérique en fonction d’usages.

Deux candidats ont été retenus et ont dû réaliser des maquettes autour des usages identifiés. Puis un lauréat a été sélectionné (consortium piloté par le bureau d’études EGIS ) et intégré à un marché public pour réaliser les outils sélectionnés. L’objectif est de rendre une première version opérationnelle de l’outil au plus tard en mars 2023. L’enjeu étant d’intégrer cet outil au COMENA (Plateforme de patrimoine numérique) de Nouvelle-Aquitaine.

Ce travail a été encadré par des experts scientifiques d’EPOC, le CEREMA, l’OFB, et les experts de navigation Les Pilotes de la Gironde.

Quatre grands ensembles ont été identifiés :

  • un portail de données,
  • une plateforme de simulation numérique LISOS,
  • une plateforme de surveillance du fleuve GIROS,
  • une forge numérique pour stocker le tout NAOS en open source.

Les bénéfices attendus sont autour d’enjeux sur :

  • des prévisions à court terme sur le fleuve à dix jours et des indicateurs de tendance à trois mois (exemple avec la bathymétrie du fleuve),
  • un historique sur le comportement passé du fleuve et disposer des métriques d’évolution (numérisation d’archives),
  • un accès à de puissantes ressources de calcul « à la demande » pour réaliser des simulations, choix du modèle le plus adapté aux objectifs des études (accès à une plateforme technique),
  • la fédération d’une communauté d’usagers et de contributeurs pérennes pour développer les usages et enrichir les modèles et créer un patrimoine numérique territorial,
  • l’utilisation de nombreuses données (capteurs physico-chimiques, images satellites, capteurs virtuels et données météo) et la diminution des coûts de maintenance des capteurs.

Google cloud est la plateforme technologique retenue (compétitivité économique et empreinte carbone faible). L’enjeu de l’outil est clairement l’aide à la prise de décision : par exemple décider des périodes de dragage ou de nouvelles implantations industrielles.

En conclusion Michel Le Van Kiem a précisé que la communauté a été lancée au mois de novembre 2022. Un deuxième évènement aura lieu le 25 avril en partenariat avec Bordeaux Technowest et l’incubateur du port qui accueille déjà quatre startup.

Après un échange avec les participants Anne Sagot-Duvauroux a remercié Michel Le Van Kiem et a invité Laurent Bartholomeus, Sogelink à présenter les prérequis du jumeau numérique du territoire : le jumeau numérique dans la construction.

(Télécharger la présentation de Michel Le Van Kiem, Grand Port Maritime de Bordeaux)

 

Les prérequis du jumeau numérique du territoire : le jumeau numérique dans la construction

WEBINAIRE PIGMA JUMEAU NUMERIQUE LAURENT BARTHOLOMEUS
De haut en bas : Anne Sagot-Duvauroux, GIP ATGeRi; Laurent Bartholomeus, Sogelink

Laurent Bartholomeus, en charge de l’innovation au sein de Sogelink, a présenté en introduction l’éditeur de logiciel dans la construction. Il a rappelé les grands marqueurs de l’édition du logiciel dans l’évolution récente en lien avec le jumeau numérique :

  • l’arrivée de la CAO en 1982,
  • les premières maquettes numériques BIM en 2002,
  • l’apparition des premiers services cloud en 2016,
  • l’accélération des services cloud avec la crise COVID,
  • et l’ère de la construction 4.0 avec le jumeau numérique.

L’industrie 4.0 correspond à une nouvelle façon d’organiser les moyens de production avec une convergence entre le monde virtuel et la gestion des outils et des projets du monde réel.

Les grands changements qui vont être apportés dans la construction 4.0 en lien avec le jumeau numérique sont :

  • une connexion décentralisée entre l’espace physique et l’espace de connectivité,
  • l’émergence de données qui arrivent pour nourrir la maquette instantanée qui nécessitent de la gestion et proposer de nouveaux services,
  • une connexion entre le chantier et les concepteurs.

Il ne s’agit pas de science fiction, les exemples sont réels, les moyens techniques avec le cloud computing permettent de faire des calculs décalés via le cloud, les réseaux sont de plus en plus puissants avec l’émergence de la 5G, et sur le chantier de plus en plus de capteurs -objets connectés- permettent de remonter de l’information en temps réel.

Le jumeau numérique n’est pas encore à son niveau de maturité, il faudrait par exemple pouvoir accélérer certains éléments comme la donnée temps pour suivre les éléments d’usure et ce n’est pas encore le cas. Et puis dans la construction interviennent beaucoup d’acteurs, avec une complexité d’échelle du bâtiment des infrastructures avec un actif qui évolue en permanence. En effet, la donnée consommée à l’instant t est déjà périmée à t+1.

Ce début de jumeau numérique est pluriel, ce n’est pas une maquette unique mais un ensemble agrégé de nombreuses données d’un espace géographique.

C’est un trait d’union entre :

  • la conception, le bureau d’études,
  • la construction, le chantier,
  • le domaine public, les autorités les exploitants.

Différents axes vont permettre d’accélérer cette continuité :

  • l’émergence d’une collaboration entre les différents acteurs,
  • le guidage machine,
  • la réalité augmentée,
  • les datas de l’environnement géoréférencées (plateformes très avancées en Europe du Nord).

Les enjeux pour les éditeurs de solutions comme Sogelink résident dans :

  • la consommation de données disponibles dites open, aux standards, l’ère des formats propriétaires est révolue,
  • d’assurer leur conversion, leur fluidité en vue de leur échange entre donneurs d’ordre et clients,
  • d’apporter des solutions en mobilité afin d’avoir un jumeau numérique au plus près de la réalité.

Basées sur les jumeaux numériques ces solutions permettent :

  • d’améliorer la productivité,
  • de diminuer les coûts,
  • de sécuriser les projets notamment du point de vue environnemental.

Laurent Bartholomeus a conclu en soulignant que le jumeau numérique dans la construction permet de créer une des premières parties du puzzle du jumeau numérique du territoire. Il a rappelé cependant qu’il reste à bâtir des plateformes numériques de confiance, ainsi que l’historisation de toutes ces données, et la centralisation de tous ces échanges.

(Télécharger la présentation de Laurent Bartholomeus, Sogelink)

 

En conclusion de la matinée, Anne Sagot-Duvauroux a synthétisé les échanges et souligné les enjeux liés au jumeau numérique du territoire notamment l’interopérabilité entre les outils et la création d’une communauté des acteurs du territoire autour de l’outil jumeau numérique.

Avant de conclure elle a rappelé les prochains rendez-vous de la communauté PIGMA :

  • en distanciel le 27 avril sur le PCRS,
  • en présentiel le 8 juin prochain à Bordeaux .

Anne Sagot-Duvauroux a mis fin au webinaire en remerciant l’ensemble des intervenants pour leurs présentations et leurs échanges ainsi que tous les participants au webinaire.

 

Replay du webinaire sur le lien suivant en partenariat avec Digital Aquitaine /Topos.