Les vecteurs d’acquisition de données en fonction des usages
Animation, Données, Rencontres régionales, Toutes
07/06/2024
La table ronde « les vecteurs d’acquisition de données en fonction des usages » était au programme des Rencontres régionales PIGMA 2024. Quatre intervenants pour quatre thématiques différentes, afin de mettre en perspective les vecteurs d’acquisition selon les cas d’usages. Retour sur ces échanges…
Les Rencontres régionales PIGMA qui se sont tenues le 6 juin dernier à Bordeaux privilégiaient l’échange de données et la valorisation des cas d’usages.
C’était le sujet de la table ronde « les vecteurs d’acquisition de données en fonction des usages » dont l’objectif était de permettre aux participants de pouvoir mettre en perspective les vecteurs d’acquisition de données de quatre thématiques et différents cas d’usages présentés par quatre intervenants.
En introduction, Pierre Macé, GIP ATGeRi, qui animait les échanges, a rappelé présenté les intervenants, les vecteurs d’aquisition des données en fonction des usages : le Lidar pour les risques naturels par Bruce Ayache, BRGM, les images satellites pour l’OCS par Morgane Coïc, Région Nouvelle-Aquitaine, la collecte de données par les territoires pour la transition énergétique, par Rafaël Bunales, AREC Nouvelle-Aquitaine, et les drones pour la sécurité civile, par l’inspecteur général François Gros, EMIZ.
Bruce Ayache a indiqué que le BRGM Nouvelle-Aquitaine traite du littoral, notamment sur sa dimension érosion, qui nécessite des acquisitions régulières en raison de sa rapidité. Le millésime Litto3D terre-mer du SHOM et de l’IGN ouvre de nouvelles perspectives en matière de topographie des petits fonds. Des applications portent également sur l’hydrogéologie, sur la géologie ou sur les risques naturels.
Les vecteurs d’acquisitions s’échelonnent du satellite à l’avion, à l’hélicoptère et au drone. L’observation de terrain reste pour autant celle qui fait foi et qui permet de qualifier les jeux de données.
L’acquisition de photos satellites permet de tenter d’expliquer le fonctionnement des systèmes barres-baïnes. La classification automatique assure la détection de la limite entre sable sec et sable mouillé.
Dans le cadre de l’Observatoire de la Côte Nouvelle-Aquitaine (OCNA), les acquisitions pour la bande littorale de millésimes LIDAR orthophoto sont devenues indispensables pour comprendre la dynamique du littoral. Ces jeux de données sont utilisés au quotidien. Ils permettent notamment de faciliter la numérisation du trait de côte ou de calculer des bilans sédimentaires par comparaison de différents millésimes. Ces jeux sont diffusés sur la plate-forme Open data.
En matière d’eaux souterraines, le programme IGN Lidar HD a permis d’identifier des dolines sur les formations du Jurassique. Ces formes spécifiques aux paysages karstiques sont très utiles pour la recharge des nappes d’eau souterraines, mais elles les rendent vulnérables à la pollution. Les jeux de données afférents sont disponibles sur la plate-forme PIGMA.
Les vecteurs d’acquisitions tels que l’hélicoptère ou le drone permettent de suivre les falaises de Saint-Jean-de-Luz, les MNT n’en matérialisant pas les parois. Le travail est réalisé par nuages de points.
Des prestataires opérateurs de drones interviennent en outre lors de catastrophes naturelles telles que les éboulements de falaises.
Les relevés de terrain assurés par GPS différentiel atteignent une précision centimétrique qui permet de caler et de qualifier tous les jeux de données. De nouveaux transects concernant la Charente-Maritime réalisés par le Département et les Universités sont accessibles depuis l’espace cartographie. Il est également possible d’y intégrer des millésimes LIDAR.
(Télécharger la présentation de Bruce Ayache, BRGM)
Puis Morgane Coïc a expliqué que, s’agissant de l’occupation des sols, trois millésimes ont déjà été compilés pour 2009, 2015 et 2020. Ces données décrivent finement le territoire en identifiant les différents types de milieux. Elles sont essentielles dans l’observation foncière, car elles permettent de visualiser et de comprendre les changements d’usages au fil du temps. A l’origine, elles ont été produites en réponse aux besoins du GIP Littoral, notamment concernant la connaissance des zones non urbaines. Le projet d’OCS régionale a été porté en partenariat par la plateforme PIGMA, un groupe de travail y étant constitué pour concevoir une nomenclature commune.
L’extension à l’intégralité de la Région Aquitaine s’est révélée très rapide, les données étant disponibles dès 2015. La loi NOTRe est cependant venue bouleverser le contexte régional en matière de périmètre et de gestion des compétences, le SRADDET comportant un volet foncier de gestion économe de l’espace. Par conséquent, le collectif a immédiatement décidé d’étendre la donnée à la Région Nouvelle-Aquitaine pour le millésime 2009 et de produire un millésime 2015.
La donnée est devenue une référence pour la consommation d’espace à la mise en place du SRADDET. Un état zéro du schéma devait toutefois être élaboré. Dans une seconde phase de coconstruction, le groupe de travail s’est donc mobilisé afin de créer le millésime 2020. En parallèle, la nomenclature a été adaptée. En effet, les termes « zone humide » pouvaient donner lieu à des confusions, et il était opportun d’intégrer les zones photovoltaïques au sol. Les retours de terrain ont également contribué à l’évolution de cette nomenclature.
Par ailleurs, la taille de la nouvelle Région interdisait le recours à la photo aérienne pour un millésime unique. Elles ont été prises entre 2007 et 2010 pour le millésime 2009, et entre 2014 et 2015 pour le millésime 2015.
Plusieurs scénarios ont été étudiés pour la constitution du millésime 2020. La continuité de la production devait en effet être garantie. Le délai de production devait en outre être limité, au même titre que les coûts. Le GIP ATGeRi a donc choisi de passer de la photo aérienne à la photo satellite. Néanmoins, la résolution est réduite, rendant plus complexe l’interprétation dans les zones urbaines. L’analyse réclame donc 15 % de temps supplémentaire. De plus, les captures devaient être prises entre juin et septembre afin d’éviter les zones portées. DINAMIS a été sollicité dans ce cadre à travers une convention de prestation de services.
L’OCS constitue un bon exemple de coopération entre les acteurs, car la donnée a pu être livrée en un an pour l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine. En outre, elle a pu évoluer en fonction des besoins et des contextes qu’elle a pu rencontrer.
Le vote de la loi Climat et Résilience a abouti à une modification des SRADDET sur les volets logistique, déchets et foncier. L’OCS a pu être enrichi en conséquence sur ce premier domaine avec des platesformes anthropologistiques structurantes. L’enjeu se trouve maintenant au niveau de la réflexion sur la complémentarité des données OCS. De nombreux usages ont été développés. L’artificialisation des sols a été mesurée par l’IGN pour l’OCS GE. L’enjeu pour la Région et pour PIGMA est désormais de faire le lien entre les données d’occupation du sol et OCS GE.
En termes de sobriété d’argent public, il conviendra de réfléchir à conserver la richesse de la donnée régionale, tout en appliquant la réglementation.
Pierre Macé a pris acte de l’importance de l’enjeu lié aux liens de l’OCS avec l’IGN.
Morgane Coïc a annoncé qu’un millésime 2026 est à l’étude. Il deviendrait le trait d’union entre ces bases de données. Des adaptations au contexte et aux nouvelles technologies seront nécessaires.
(Télécharger la présentation de Morgane Coïc, Région Nouvelle-Aquitaine)
Pierre Macé a réitèré son appel aux partenaires de l’ensemble du territoire quant à la remontée de leurs besoins.
Rafaël Bunales a présenté l’AREC Nouvelle-Aquitaine. Cette structure fonctionne de la même manière que PIGMA sur les thématiques de transition énergétique, d’émission de gaz à effet de serre, de déchets et d’économie circulaire. Elle anime deux observatoires régionaux qui se consacrent, d’une part, à l’énergie, les gaz à effet de serre et la biomasse et, d’autre part, aux déchets et à l’économie circulaire.
Ses 80 partenaires lui apportent de l’expertise, des données et un regard utilisateur. Elle consomme et elle produit de la donnée, voire de l’information, sur ses champs d’action.
En matière de données énergétiques et sur les gaz à effet de serre, l’accès semble être devenu facile, les sources étant multiples. La difficulté porte sur l’interprétation, car les énergies peuvent ne pas toutes être représentées, et les unités peuvent ne pas être homogènes. En outre, les périmètres peuvent être mal définis. Le rôle de l’observatoire est par conséquent d’agréger les sources dans une méthodologie transparente, mais aussi de garantir l’homogénéité, l’exhaustivité, la précision et le suivi dans le temps des données. Il aide également à l’interprétation à partir de l’ensemble des sources, notamment celles de PIGMA ou de l’OCS, sur l’évolution des territoires et son déterminant.
Ainsi, pour le transport routier, après le choix des sources, l’observatoire est en mesure d’élaborer des bilans permettant une analyse détaillée, mais aussi d’identifier les conséquences des politiques publiques grâce à des modèles éprouvés. Les informations peuvent être croisées avec des données auxiliaires, permettant ainsi aux territoires de mieux comprendre leurs enjeux. L’AREC joue ainsi un rôle de GDS, identifiant les moyens d’atteindre les résultats recherchés par les acteurs locaux. Ce travail de planification se renforce au fil du temps.
Les nouveaux enjeux portent sur l’IA et sur les données satellites. L’AREC est en veille active à leur sujet. Pour autant, ils ne constituent pas encore des modes opératoires intégrés dans la méthodologie. L’enjeu de la rapidité de production devient également prégnant. Enfin, il convient de proposer une vision complète sur les thématiques des territoires, en croisant les données énergétiques et d’occupation des sols, afin de permettre des arbitrages en termes de politiques publiques.
Pierre Macé s’est étonné que les foyers et le secteur industriel montrent les mêmes consommations énergétiques.
Rafaël Bunales a confirmé qu’à l’échelle régionale, l’hétérogénéité des utilisations énergétiques industrielles peut être importante. Pour le résidentiel, l’analyse est plus simple, les consommations étant proportionnelles à la population.
(Télécharger la présentation de Rafaël Bunales, AREC Nouvelle-Aquitaine)
L’Inspecteur général François GROS a expliqué que la Nouvelle-Aquitaine est un territoire d’expérimentation sur lequel l’offre des industriels et la demande de la Sécurité Civile peuvent se rencontrer.
Les drones en sécurité civile présentent d’intérêt de permettre la projection dans la troisième dimension. Pour autant, le cadre juridique est extrêmement contraint, notamment en raison des possibilités d’atteinte des libertés individuelles. Il a largement évolué entre 2020 et 2022, mais il est stabilisé depuis lors.
Le premier cadre d’emploi des drones autorisé pour la Sécurité Civile porte sur trois cadres d’usage. Le premier d’entre eux est la prévention des risques naturels et technologiques. Les drones peuvent être utilisés pour la cartographie en amont, permettant d’observer l’évolution des aménagements et d’établir des comparatifs. Durant l’intervention, ils ouvrent la possibilité d’une projection dans la troisième dimension et d’identifier les modalités de développement des sinistres. Après l’événement, le drone permet d’évaluer les dommages.
En matière de secours et de soins d’urgence aux personnes, les capteurs des drones permettent la localisation des victimes et l’établissement potentiel d’une liaison avec elle.
Le troisième cas d’usage des drones est la lutte contre l’incendie. Ils servent pour la reconnaissance de la zone d’intervention, mais aussi pour favoriser les progressions des intervenants dans des axes sécurisés.
S’agissant des besoins opérationnels, il convient de favoriser la rencontre entre l’offre et la demande en matière de types de drones. Ce processus a été accéléré par les incendies des Landes de Gascogne de 2022. Cette demande est caractérisée par les services d’incendie et de secours, la sous-direction des moyens nationaux, les équipes de déminage et les associations agréées Sécurité Civile. Aerospace Valley constitue un intermédiaire entre ces demandeurs et ses 250 entreprises adhérentes du secteur des drones.
La Sécurité Civile regroupe 350 000 acteurs très divers en termes de nature comme de gouvernance. Il leur a été proposé une réflexion commune sur les besoins, de manière à identifier trois ou quatre grandes familles de drones, de rédiger un référentiel technique et d’engager des phases d’expérimentation. Une convention a été signée le 6 octobre 2023 entre l’Etat et Aerospace Valley afin d’accomplir cette mission. Une autre convention a été élaborée entre le GIP et Aerospace Valley. Bordeaux Métropole met à disposition des centres d’expertise et d’essais en vol. Ils pourront également être réalisés sur les installations militaires telles que la base de Cazaux.
Un groupe de travail a été constitué afin d’identifier les caractéristiques des drones de sécurité civile. Les expérimentations pourraient porter sur la levée de doute en matière de détection précoce des incendies ou sur la quantification du stress hydrique de la végétation. Les besoins d’évolutions des drones seront identifiés au regard des écarts constatés avec les attendus.
La phase d’identification sera finalisée en juin. Les tests devraient avoir lieu durant l’été, de manière à procéder à l’évaluation des dispositifs avant la fin de l’année.
Trois scénarios ont émergé lors de la rencontre du 25 avril qui s’est tenue à Bordeaux :
- La modélisation du théâtre en amont de l’intervention et la conduite rapide de reconnaissances. Les drones constituent un outil de projection peu onéreux, qui permettent un traitement rapide de l’information, notamment avec le renfort de l’intelligence artificielle.
- La surveillance et la détection, pour lesquelles trois sous-scénarios ont été identifiés en matière de zones d’intervention.
- La lutte.
L’occupation de l’espace aérien est croissante. Elle doit être prise en compte pour la sécurisation du vol des aéronefs.
(Télécharger la présentation de l’Inspecteur Général Gros, EMIZ)
Après des échanges avec la salle, Pierre Macé a conclu en insistant sur le fait que les partenaires doivent faire remonter leurs besoins au GIP. La question du tour de table intervient dans un second temps.