La mutualisation de données, apprendre les uns des autres
Animation, Données, Rencontres régionales, Toutes
28/06/2023
La table ronde « Mutualisation de données, apprendre les uns des autres » était au programme des Rencontres régionales PIGMA 2023. Quatre intervenants pour quatre thématiques différentes, présentées selon le même format pour mieux tirer partie des expériences de ses pairs. Retour sur ces échanges…
Les Rencontres régionales PIGMA qui se sont tenues le 8 juin dernier à Bordeaux privilégiaient l’échange et la valorisation des cas d’usages.
C’était le sujet de la table ronde « Mutualisation de données, appendre les uns des autres » dont l’objectif était de permettre aux participants de pouvoir comparer les cas d’usages quel que soit leur niveau de maturité. En effet, au delà des données, PIGMA mutualise les expériences pour qu’elles puissent être reproductibles afin de gagner du temps en bénéficiant de l’expérimentation de ses pairs.
En introduction, Pierre Macé, Directeur du GIP ATGeRi, qui animait les échanges, a rappelé que la mutualisation implique de s’adapter avec pour objectif l’efficience. Ainsi la co-expertise est mise à contribution. La mutualisation des données est synonyme de sobriété informatique.
Après avoir rappelé que mutualiser c’est construire un projet commun, Pïerre Macé a invité Stéphanie Jalabert, Ingénieure d’études en sciences du sol, SIG et bases de données à Bordeaux Sciences Agro, à présenter un cas d’usage sur la mutualisation des données sur la thématique de la cartographie des sols.
La mutualisation de données au service de la cartographie des sols
En préambule, Stéphanie Jalabert a rappelé que le Gis Sol est le coordinateur des programmes nationaux de cartographie des sols : des réseaux de suivi des sols (RMQS, BDETM, BDAT) ainsi que d’un réseau d’Inventaire, de Gestion et Conservation des Sols (IGCS). C’est au sein de l’IGCS que se constituent des bases de données sur les sols et leur répartition géographique.
Les outils cartographiques de connaissance sur une région ou un département à l’échelle 1/250 000 sont les Référentiels Régionaux Pédologiques (RRP). Pour la région Nouvelle-Aquitaine, les RRP sont produits par différents partenaires régionaux IGCS (INRAE, Bordeaux Sciences Agro, Chambre Régionale Nouvelle-Aquitaine, Chambre départementale d’agriculture ex-Limousin) et sont prêts à la diffusion.
Stéphanie Jalabert a ainsi signalé que ces référentiels doivent être harmonisés à l’échelle régionale avant diffusion. Il s’agit donc d’essayer de mutualiser ces données pour les porter à connaissance et les mettre à disposition. L’enjeu de la mutualisation est de partager pour mieux connaître la donnée et mieux gérer le territoire.
Pour pouvoir mutualiser ces référentiels, Bordeaux Sciences Agro s’est reposé sur la plateforme PIGMA en harmonisant les métadonnées entre RRP, en proposant les mêmes modalités d’accès des RPP (en open data) et en créant un groupe de producteurs de données « Sols de Nouvelle-Aquitaine ».
Stéphanie Jalabert a effectué un bilan de cette première étape de la mutualisation (accès aux métadonnées et données brutes) en remontant les difficultés rencontrées : un travail très chronophage et un manque de ressources humaines et financières.
Enfin, elle a conclu sa présentation en ouvrant sur les perspectives à court terme comme la possibilité de visualiser les données sols via une visionneuse dédiée qui sera partagée au sein de la plateforme PIGMA sur la thématique « Sols Nouvelle-Aquitaine ». Cette action fait l’objet d’un stage de 6 mois.
Après avoir remercié Stéphanie Jalabert Pierre Macé, a donné la parole au lieutenant-Colonel Philippe Harguindeguy, Chef duPôle Coordination Opérationnelle SDIS 33 pour partager sa longue expérience de la mutualisation de données dans la gestion de crise.
(Télécharger la présentation de Stéphanie Jalabert, Bordeaux Sciences Agro)
La mutualisation de données indispensable à la gestion de crise
Le lieutenant-Colonel Philippe Harguindeguy, SDIS 33 a ainsi poursuivi la table ronde avec une approche plus opérationnelle pour expliquer l’utilisation des données partagées par les SDIS lors d’une gestion de crise.
Tout d’abord, il a rappelé le contexte de gestion de crise des feux de forêt hors normes qui ont eu lieu en été 2022 : plus de 30 000 ha détruits, des milliers de maisons à défendre, 0,1% de ces maisons détruites, 40 000 personnes déplacées. En matière de gestion de crise, la donnée, la localisation précise est une information à avoir avant même que la gestion de crise ne débute.
Pour le SDIS 33, la cartographie au format papier comme numérique est un support primordial qui a aidé à situer la crise dans l’espace et permis de justifier leurs actions. En effet, grâce aux données mutualisées dont les pompiers disposaient, les enjeux à défendre ont pu être évalués, ainsi que l’ensemble des sites ressources nécessaires (zones d’appui, photovoltaïques, logements d’urgence…).
L’après-crise a quant à elle été un autre sujet : il a fallu justifier les décisions opérationnelles sur la base cartographique à leur disposition.
Le Lieutenant-Colonel Philippe Harguindeguy a conclu son intervention en abordant l’avant-gardisme de PIGMA d’abord en cartographie au début des années 1990 puis dans l’innovation aujourd’hui avec l’intégration des drones/ moyens aériens qui permettent de photographier les zones incendiées et de juxtaposer les photos pour obtenir une cartographie encore plus précise.
Pierre Macé a remercié le Lieutenant-Colonel Philippe Harguindeguy en rappelant que le cartographie est un langage commun. Il a ensuite invité Marie Demolin, Directrice de l’intelligence territoriale et de la prospective – Pôle DATAR à la Région Nouvelle-Aquitaine, à présenter la mutualisation de la donnée dans l’aménagement du territoire.
La mutualisation de données dans l’aménagement du territoire
Marie Demolin Gratadour a rappelé les objectifs liés à la mutualisation de la donnée dans l’aménagement du territoire.
En premier lieu, il est important de comprendre pour pouvoir agir au plus proche du territoire. Pour cela, il y a deux axes de travail : acquérir une connaissance fine du territoire et répondre aux besoins spécifiques de ceux-ci. Pour acquérir cette connaissance et la traduire, un centre de ressources et d’ingénierie existe, la DITP (Direction de l’Intelligence Territoriale et de la Prospective). Pour agir au plus proche des territoires et répondre à leurs besoins spécifiques, le pôle DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale) peut agir. Les 3 grandes missions et services liés à ces objectifs correspondent à des études thématiques, l’évaluation en interne des dispositifs d’aides régionales et la planification territoriale (mise à jour du SRADDET).
Pour atteindre ces objectifs, elle explique qu’il est essentiel que la donnée possède un langage commun. La diversité des ressources existantes implique des exigences sur la qualité (facilité d’accès, de traitement, précision, sources, …) afin de pouvoir être analysées et utilisées dans un cadre réel au sein d’un réseau d’utilisateurs. Finalement, mutualiser, c’est construire un référentiel commun.
Marie Demolin a terminé sa présentation par plusieurs exemples de traduction de l’OCS de la Nouvelle-Aquitaine.
Après avoir remercié Marie Demolin Gratadour, Pierre Macé a invité Sophie Rimboux, Cheffe de mission gouvernance des données, représentante de Jérôme Kravetz, Directeur de Nouvelle-Aquitaine-Mobilités pour présenter le cas d’usage de la mutualisation des données dans le domaine de la mobilité.
(Télécharger la présentation de Marie Demolin Gratadour, Région Nouvelle-Aquitaine)
La mutualisation de données et la mobilité
En introduction, Sophier Rimboux a rappelé le contexte en présentant le Syndicat Mixte de transports Nouvelle-Aquitaine Mobilités et son organisation territoriale en 5 bassins de mobilité : Sèvres et Atlantique, Vienne et Charentes, Limousin et Périgord, Gironde et Garonne, Landes et Pyrénées.
Ensuite elle a abordé la problématique générale du syndicat autour de la donnée transport :
- l’importance de la qualité de la donnée transport pour assurer la fiabilité de l’information voyageur.
- la capacité à faire travailler un ensemble d’acteurs variés institutionnels, transporteurs privés, Autorités Organisatrices des Mobilités (AOM).
- l’intégration et anticipation du cadre règlementaire de la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités publiée au Journal officiel le 26 décembre 2019).
Sur ces différents points Nouvelle-Aquitaine-Mobilités assure des actions de mutualisation.
En effet Il a assuré la création d’une base de données de transport unique sur la région Nouvelle-Aquitaine agrégeant les différentes données de transports statiques des AOM : Référentiel Multimodal Régional (RMR). Cette agrégation est faite à partir des standards nationaux et européens. Cette base de données offre une vision homogène sur les données de transports statiques en région.
Puis le Syndicat diffuse et partage cette base de données avec des outils maintenus en interne comme le calculateur d’itinéraire Modalis et l’Observatoire des données transport, partagée en Open Data (licence ODBL transport) dans PIGMA et remontée au niveau national via cette même plateforme (data.gouv, transport.data.gouv).
Enfin, Sophie Rimboux a conclu en présentant les enjeux et perspectives autour de ces actions de mutualisation en Région Nouvelle-Aquitaine.
Elle a pointé la complexité du développement des données temps réel en complément des données statiques.
Elle a souligné la problématique de l’open data et du partage de la donnée. En effet, l’open data ne permet pas de savoir qui utilise la donnée : il y a une difficulté du feedback sur les usages. La licence ODBL n’est pas respectée : il y a peu de contrôle et suivi de repartage impliqué par la licence. Une réflexion est en cours pour créer une licence spécifique sur les utilisateurs et les usages. Il est nécessaire de s’appuyer sur une diversification des données pour améliorer les usages en mobilités : pistes cyclables, adresses, accessibilité,…Le développement d’outils de datavisualisation pour l’observatoire est essentiel.
(Télécharger la présentation de Sophie Rimboux, Nouvelle-Aquitaine-Mobilités)
Après avoir remercié les intervenants Pierre Macé a souligné les similitudes dans les cas d’usages présentés autour du langage commun. Bien qu’à des niveaux de maturité différents les cas d’usages exposés peuvent être reproductibles et bénéficier des bilans de l’expérimentation pour gagner en efficience.